Plus de peur, que de mal? Peut-être bien. Massak

Plus de peur, que de mal? Peut-être bien. Massak 028

(c) Ayana - R-J

Allongé tranquillement dans l'herbe, je regardai les étoiles brillaient dans le ciel. Je ne voulais pas rejoindre ma couche, rejoindre Morphée, je ne voulais y aller seul. Il y a des jours comme ça, où l'homme a besoin de chaleur humaine pour se sentir revivre, renaître tel le phénix. Je vis, dans l'immensité assurée une étoile filante. Je n'eus le temps d'émettre un vœu. Toutefois, pour moi, cela signifia l'heure d'abandonner les lieux et d'aller se perdre dans les méandres de l'université magique. Doucement, je me relevai, et, tranquillement, la tête irrémédiablement baissée, je me dirigeai vers le vaste bâtiment. Soudain, contre toute attente, j'entendis une voix dans ma tête. Cette même voix qui hantée mes nuits. J'étais troublé par elle, ne sachant que faire. Pourquoi la voix venait-elle à moins, sans prévenir. Je ne comprenais pas. Elle me demandait de la suivre. Où? Pourquoi? Quel est le but malsain derrière cela? Si but malsain il y avait.

Sans porter plus attention à elle, j'entrais dans les murs de l'université, et je commençai à grimper les étages. La voix, peu à peu, changea de ton, et devint plus autoritaire. Elle ne voulait certainement pas que j'aille de ce côté-ci. Depuis quand, laissais-je quelqu'un gérer ma vie? Je ne l'écoutais pas. Malheureusement pour moi. Un esprit tourmenté ne pouvait tout gérer. Mes pieds ripèrent l'une des marches. Je perdis l'équilibre. Je chus. Cependant je n'avais pas prévu la ferronnerie. Mon corps emporté par la chute vint percuter les pics de fer. J'eus de la chance de ne pas finir embrocher comme un cochon de lait. Mais, cela ne m'empêcha pas de me couper profondément à plusieurs endroits. Finalement, je tombais au bas des escaliers au mitan entre le premier étage et le rez de chaussé. La douleur lancinante des blessures, du sang qui suintait, m'obligea à crisper le visage. Je serrai les dents, les yeux grands ouverts. J'étais encore conscient. Heureusement. Je sentais que je pouvais bouger mes jambes, mes bras, mes la douleur me clouer au sol. Dans un geste surhumain, qui m'arracha un cri, je glissai l'une de mes mains dans la poche droite de mon pantalon. J'en sortis un gallion. Je roulai sur moi. J'essayai de récupérer ma baguette qui à quelques mètres de moi. Je tendis tant que je pus mon bras. Je la sentais au bout de mes doigts. Après maints effort, elle arriva jusqu'à la paume de ma main. Un nouveau cri de douleur s'échappa de ma bouche. Puis, difficilement, je tapotai de ma baguette le gallion. Celui-ci brilla plus encore et s'échauffa. Cela était un signal. Normalement Massak avait le même avec lui. Si je l'utilisai, cela voulait dire que j'allais au plus mal, qu'il fallait qu'il vienne pour me soigner, lui, qui se préparait à devenir infirmier. J'étais un cobaye... mais un cobaye bien spécial.

Le dortoir était plongé dans le noir profond. Ses compagnons de chambre ronflaient déjà à poings fermés et Massak ne pût s’empêcher d’éprouver une pointe de jalousie bien vicieuse. Chaque nuit, tout se déroulait de la même irrémédiable façon. Massak était installé à son bureau, douloureusement plongé dans le dernier traité de médecine disponible et une à une, les lumières de ses compagnons s’éteignaient. Il était à présent, capable de deviner le moment exact auquel son voisin rejoignait le monde des rêves et malheureusement, la plupart du temps, il était déjà bien réveillé ou n’avait absolument pas dormi lorsque celui-ci ouvrait les yeux face à un jour nouveau. Pour Massak, les jours se suivaient, et se ressemblaient sans aucune erreur. Mais ce soir, une autre douleur s’était ajoutée à celle qu’était son insomnie. Les traces de son corps tailladé lui tiraillaient la chair et lentement, des gouttes de sueurs roulaient le long de ses tempes. La fièvre montait. Cette fièvre n’était ni rare, ni fréquente. Elle était juste présente. Au moindre changement de son psyché, elle l’attaquait, rageante et rancunière. Et les palpitations que cette large cicatrice émettaient dans son dos, telles des ondes dans l’eau, faisait tressaillir sa peau. Il savait qu’il ne pourrait dormir cette nuit, souhaitant à tout prix, éviter ses habituels cauchemars, de crocs, de sang et de cris. Massak soupira et colla son visage aux paumes de ses mains. Il faisait vraiment trop chaud à son goût. Il ne portait qu’une simple chemise de coton mais la question de la différence de température entre celle de son pays et celle de cette université lui revint une fois de plus à l’esprit. Il n’était là que depuis quelques semaines… et envisageait déjà de garder un charme permanent de rafraichissement autour de lui. Il va sans dire, que cette habitude, lui attirait déjà autant de regards que ses nuits. Déjà les rumeurs flottaient à son sujet. Mais comme d’habitude, bien solitaire, il faisait mine de ne pas les entendre.
Il s’apprêtait à retourner à sa lecture, son regard encore étonnamment vif malgré l’heure tardive, lorsque cela arriva.

Brusquement, le gallion qu’il portait en pendentif autour de son coup, mêlé à ses autres colliers, se mit à chauffer. Aussitôt, il s’anima. Quiconque l’aurait vu, aurait bien compris que quelque chose venait de se produire, mais rares auraient été ceux qui auraient pu suivre le cours des événements. D’un coup de baguette silencieux, il sortit de son coffre, un sac déjà bien usé, qui renfermait tout les outils de premiers soins dont il aurait sans doute besoin. Il était déjà bien en train de courir hors de la chambre lorsque son sac le rejoint. Il l’attrapa au vol et continua sa route, déjà le gallion s’était refroidi et lui envoyait à présent la location de son patient. La relation qu’il entretenait avec Elias Liesberg lui convenait incroyablement bien : en raison de son insomnie, il était toujours disponible et cela lui procurait de l’expérience et de la pratique dont il ne pouvait se priver.
Rapidement, il arriva sur la scène de l’accident et devina sans mal ce qu’il s’était passé. Malheureusement, ce n’était pas la première fois que ce genre de chose arrivait et d’après ce qu’il avait entendu dire, plusieurs étudiants avaient déjà demandé à la direction de placer quelques charmes sur cet escalier. Lui-même n’y était jamais tombé mais il n’avait aucun désir que cela arrive. Il s’agenouilla auprès d’Elias sans prendre en compte le sang qui coulait sur le sol. Depuis bien longtemps, il n’y avait que le sang de ses cauchemars qui l’affectait un temps soit peu.

« Okay Elias, dis moi si tu as mal ailleurs que là où tu t’es entaillé…au dos ? A la tête ? »

Sans attendre la réponse à sa question, il lançait déjà plusieurs sortilèges de diagnostic sur le corps du pauvre Elias. Bientôt, une lueur mauve apparut autour de la tête de son patient, tandis que les coupures qui lui tailladaient la peau brillèrent en jaune.
« Une légère commotion, et des blessures ouvertes… profondeur… moyenne… »
A présent que Massak s’était mis à se parler à lui-même, il était lancé. Déjà il sortait les nombreuses potions colorées de son sac et des cotons imbibés de nettoyant s’étaient mis à tournoyer autours des blessures d’Elias.

J'attendis de longues minutes. J'attendis de très longues minutes. J'espérais, au fond de moi, qu'il allait arriver rapidement. Le sang perlait sur sa peau. Je brûlais de l'intérieur tellement la souffrance était grande. J'étais complétement en sueur. Je priai pour qu'il vienne. Je ne tiendrais plus longtemps. Les plaies sanguinolentes me faisaient souffrir le martyr. Cependant, même si mes sens étaient affectés par cette douleur, j'entendis, au loin, des bruits de pas. Je savais que c'était lui, qu'il viendrait encore une fois me guérir des maux qui s'empare de moi. Je le sentis s'agenouiller à mes côtés. Je l'entendis me parler. Certes, ses lèvres remuèrent, mais je ne comprenais rien. C'était du charabia, du chinois, du troll. Je ne comprenais absolument rien. Les seuls sons qui sortaient de ma bouche étaient insignifiants. Je commençais à voir des étoiles, rouges, bleues, vertes, jaunes tournoyaient autour de moi. Je commençais à voir un peu trouble. Toutefois, son visage à lui était bien net, aussi pur que l'éclat d'un diamant. Finalement j'eus la force de dire quelques mots, qui pourraient peut-être l'aiguiller dans les tentatives pour me guérir.

« Coupures bras, jambes, tête! »

Je n'avais pas la force de dire plus. La douleur me paralysait totalement. Je percevais quelques uns de ses gestes autour de moi. A coup sûr, il devait certainement utiliser le sort pour révéler mes blessures. Mes yeux commencèrent à s'embuer. Soudainement je fus pris de convulsions, atroces, douloureuses. Mon cœur battait la chamade. J'étais en sueur. La douleur déformait ma mâchoire. Je pestait contre moi-même. Comment avais-je pu être piégé par les fourbes marches de ce satané escalier de malheur. Certes, j'aimais, je jubilais quand une personne chutait comme une bouse de dragon, devant la faculté entière. Dans mon malheur, je pouvais dire, que j'avais une certaine chance. Il faisait nuit, personne dans les couloirs, sauf Massak, mon infirmier attitré. Je ne risquais rien de bien méchant. J'avais confiance à lui. Les dents serrées par la douleur lancinante, j'eus la force de l'appeler à l'ordre.

« Putain! Bou...Bouges ton cul! Tu serres à rien! »

J'agonisais, certes, mais je ne perdais pas le nord. Il était la pour me guérir, me remettre sur pieds, par pour me regarder me vider de mon sang. Je l'insultais, mais dans le fond, cela était une preuve d'amitié. Je le perçus du mouvement autour de moi. La douce chaleur qui se diffusait, de ci, de là, sur mon corps signifiait l'emploi de sort de guérison. Cependant, l'apprenti guérisseur semblait, ou peut-être ma vision était-elle abusée par la douleur, galérer pour certaines plaies. Étaient-elles si profondes que cela? Peut-être bien. De toute manière mon jeune ami était habitué. Je ne le faisais pas se déplacer pour des égratignures. Je n'étais pas du genre à être quelqu'un qui a froid aux yeux. Je ne faisais pas les choses à moitié, même lorsque je chute bêtement. Soudain, avec un léger sourire aux lèvres, je lui demandai:

« J'ai la classe quand même! Non? »

Blabla