J'écoutais ses explications confuses tout en gardant mes yeux rivés dans les siens, un sourire irrémédiablement plaqué à mes lèvres, et ne relevais pas. Après tout, si à défaut de voir des éléphants roses, elle voyait des poneys... Et ben chacun son truc hein ! Je réprimais un léger rire quand elle changea abruptement de sujet :

« Bref, ce n'est pas important, dis moi plutôt ce que tu fais ici, je te croyais au Canada. »

Mon sourire s'échappa un instant, le temps que je m'empreigne de la question et que je refoule un flot de pensées sinistres, avant de reparaître sur mes lèvres comme s'il ne les avait jamais quittées.

« Et bien, j'en avais marre de la neige alors j'ai décidé de m'offrir un petit voyage au soleil ! » Raillai-je pour garder contenance.

Ses yeux bleus restaient rivés, immobiles, dans les miens qui vacillèrent un peu. Devant son silence dubitatif, je basculais d'un pied sur l'autre, et ouvris la bouche avant de la refermer sans dire un mot. J'abaissais mes paupières un instant, laissant remonter les souvenirs désagréables, avant de les rouvrir. Cette fois, mon sourire s'éclipsa pour de bon, laissant place à une moue sérieuse, les sourcils légèrement froncés, la colère brillant résolument dans mon regard bleu glacier.

« Quand la guerre a débuté, ma famille s'est faîte décimée par des moldus. Mon petit frère, Karl... Enfin, bref. Je suis le seul qui ait réussi à s'enfuir. En vagabondant sans but, j'ai entendu une sorcière parler de cet endroit. N'ayant plus de refuge j'ai décidé de venir ici. Il paraît qu'il y a un clan ici, celui des Veela, qui veulent faire changer les choses, c'est un ami qui me l'a dit, et je veux en être. C'est pour ça que je suis là. »

La détermination s'était incarnée dans mes traits durant ma tirade. Dans ces moments là, j'aurais été capable de déplacer des montagnes, et la puissance qu'iradiait mon regard reflétait cette envie contenue de me battre envers et contre tout qui emplissait mon esprit depuis le drame. Pourtant, presque instantanément, ma bienveillance naturelle revint au galop dès que j'eus terminé et je braquais avec tendresse mes yeux dans les siens.

« Ca me fait plaisir de te revoir, Pandy. » Ajoutai-je avec malice. « Et toi.. C'est ton poney qui t'a amené ici ou tu es là depuis longtemps ? »

Revoir le visage chaleureux de Pandore me ravissai, à vrai dire ces derniers temps je ne pensais plus qu'à la Guerre et seulement à ça, et par quels moyens j'allais pouvoir enfin y prendre part du mieux possible. Mais retrouver ainsi une amie m'ouvrait d'autres portes, un avenir différent, et tout de suite plus heureux malgré le fond des évènements. Quand elle me prit dans ses bras, c'est donc un sourire franc qui avait pris mes lèvres. Cependant, elle non plus n'avait pas eu la vie facile, et quand elle me raconta sa propre expérience, de nouveau la colère s'imisça dans tout mon corps. Combien de vies les moldus avaient-ils brisé pour un rêve hors de leur portée, et une peur démesurément absurde ? Avaient-ils oubliés que non n'étions qu'humains, même si nous avions des pouvoirs et du sang magique ? Les sourcils à nouveau froncés, j'écoutai la fin de son histoire silencieusement, passant doucement mes doigts sur son dos en signe de réconfort. Elle se recula ensuite et me toisa, sourire en coin, avant d'annoncer prestement :

« La bonne nouvelle, c'est que tu es là à présent... Et que tu as devant toi une authentique Veela - rien de très surprenant me diras-tu. Si tu as besoin d'une guide pour te retrouver dans cet, autrefois, prestigieux château, je suis là. »

Un autre sourire, rayonnant, égaya mon visage assombri par la nouvelle qu'elle m'avait apprise plus tôt sur la mort de son père. Elle était une Veela, comme ce que je souhaitais devenir ! C'était vraiment génial, et en effet un rien étonnant de sa part. Amusé par sa révérence, j'allais lui annoncer que je devais retrouvé mon ami avant de faire la visite des lieux quand quelqu'un lui rentra malencontreusement dedans. Le malheureux s'en arrêta et, de surprise, la dévisagea avant de s'écrier :

« Pandore Hartfield ?! »

J'en écarquillai les yeux de surprise en me rendant compte de l'étrangeté de la situation, car c'était mon ami en question, Sean Sanctus, qui venait de lui rentrer dedans, et il connaissait Pandy ! Je me raclai la gorge pour signaler ma présence, et il se tourna enfin vers moi.

« Matty, tu es là, je t'ai cherché partout, cabot de malheur ! Je me suis fait un sang d'encre ! ...J'ai raté quelque chose ? » S'enquit-il d'une voix qui sonnait très fausse.

Je le regardai d'un air amusé, voyant sa gêne quand il avait découvert Pandore, et le fait que moi aussi je la connaissais, et regardai Pandy qui elle aussi semblait surprise et dévisageai le nouveau venu d'un oeil mi-surpris, mi-amusé.

« M'appelle pas cabot ! » Grognai-je avant de répondre. « Et bien, j'ai rencontré ma vieille amie Pandore, une Veela, je suppose que je ne fais pas les présentations ? »