~ La vie est sale "boy", sous ses étoiles.

« HIIIIIII ! »

Une ondulation dans l’air laissa apparaîtra un jeune garçon, là où se tenait quelques instants plus tôt un beau loup noir assis dont la queue fouettait l’air d’un air impatient. Allait-il y retourner, ou pas ? Quand même… Ça avait été une vraie promenade de santé pour lui, et il allait bien finir par revenir, non ? Et puis, c’était lui qui avait proposé l’idée de revanche à la course sans poser la moindre close d’interdiction de se transformer, alors… Il regarda brièvement autour de lui. Dans son dos, à quelques centaines de mètres, l’imposant château se dressait. Enfin, il y était. C’était à peine l’aube. Le soleil perçait à peine le magnifique manteau étoilé du firmament, mais il pouvait parfaitement en distinguer les contours, et certaines pièces étaient même déjà éclairées. Sean lui avait raconté tout ce qu’il savait sur Poudlard, que lui n’avait connu que par les livres, quand celui-ci lui avait dit souhaiter s’y rendre après avoir entendu des sorciers en discuter. Ils racontaient que c’était devenu le fief de clans qui participaient à la guerre, en outre un refuge pour jeunes sorciers qui n’avaient plus d’endroits où aller. Avec les récits de Sean, il comprenait qu’il devait se trouver à la lisière de « la forêt interdite », quelque part dans le parc. Par contre, il ne saisissait pas pourquoi Sean l’avait mis en garde sur cette forêt qu’il avait lui-même tenu à traverser pour le « challenge » ; il n’avait croisé rien d’autres que quelques lièvres et senti vaguement quelques créatures magiques… Nullement hostiles ; une licorne qui s’abreuvait, peut être un ou deux centaures qui ne lui avaient prêtés aucune attention -étrangement à cette pensée, il crut entendre quelques bruits de sabots-, et quelques araignées un peu grosses mais trop occupées pour se soucier de lui. Bon, il devait avouer qu’il avait été un peu vache de ne pas lui laisser d’avance, car visiblement celui-ci semblait s’être… Perdu ? Comme en réponse à sa question muette, ses yeux bleu acier se tournèrent en arrière, en direction de quelques arbres où l’on entendait des crissements de feuilles et quelques jurons étouffés. Il fronça les sourcils, vaguement inquiet, avant de reconnaître la silhouette qui se découpait entre eux et de relever un sourcil, légèrement amusé :

« Ne me dis pas que c’était toi, ce cri aigu ? » Lança-t-il alors que Sean s’avançait en titubant à travers les arbres, méconnaissable.

L’absence de réponse ne le surprit pas.

« Et puis c’est quoi cette tronche ? » Prononça-t-il d’un air moqueur, réellement surpris de son apparence, tout en réprimant une envie de rire sous l’aspect loufoque de cette métamorphose qui -il le devinait- aurait dû être effrayante mais semblait avoir raté son effet.

Balayant les branches qui lui barraient le passage, il courait, tant qu’il pouvait. Des râles le suivaient, le forçant à accélérer, et il trébuchait sur des racines, s’accrochait les pieds dans des roches traîtres et s’enfonçait dans l’humus encore frais. Les centaures n’avaient vraiment aucun humour… Ou, plus certainement, n’appréciait pas le sien. Hors d’haleine, il les entendait bramer à ses trousses et il détalait du plus vite qu’il pouvait. Changé en loup Matheson l’avait depuis longtemps dépassé et il le maudissait de l’avoir abandonné dans une situation pareille en se transformant, ce petit garnement! C’était aussi le fait qu’il détestait la défaite qui lui tapait sur les nerfs, et il avait décidé de prendre une apparence effrayante en cas de mauvais rencontres dans cet endroit qui la nuit –et le soleil semblait lui en vouloir aussi pour tarder ainsi à pointer- regorgeait de créatures qui n’aimait pas voir leur sommeil dérangé. Il avait alors opté pour l’apparence d’un des plus grand mage noir, Tom Jedusor, et visiblement c’était la plus mauvaise idée du siècle. Encore s’il n’y en avait eu qu’un il aurait pu jouer des muscles..! Mais ils se déplaçaient en meute... Dommage. Une flèche siffla au bord de son oreille et il sauta à travers un buisson qui se reforma aussitôt après son passage en balançant quelques jurons. Il dérangea quelques gnomes qui couinèrent quand ses bottes tamponnant la boue les éclaboussèrent, et chancelant à travers les arbres, parvint enfin à la lisière, sautant hors du sentier pour s’étaler lourdement dans l’herbe toute fraîche de rosée.

« Ouch… » Se plaignit Sean, hors d'haleine, en se tenant les côtes.
« Ne me dis pas que c’était toi, ce cri aigu ? » Se moqua Matt qui était arrivé depuis déjà dix bonnes minutes.

Affalé par terre, l’individu musclé d’environ 1m80 leva les yeux vers son acolyte, plus jeune et plus petit, avec une expression agacé. Ses vêtements étaient remplis de feuilles en tous genres, son jean couvert de terre et son visage tout égratigné. Déjà qu’il avait deux fentes à la place du nez, maintenant ses joues étaient barrées de fines entailles causées par les ronces et branchages qui l’avaient freiné. Reprenant son souffle, il fit une moue exaspérée qui ressemblait plutôt à une grimace effrayante.

« Et puis c’est quoi cette tronche ? »
« Laisse moi reprendre mon souffle, tu veux? Peut être qu’après je te répondrai… » Lâcha Sean en s’étalant sur le dos et reformant petit à petit son visage d’origine.

Ses traits redevinrent fins et gracieux, ses yeux bleus virèrent au vert et son teint blanchâtre laissa place à des joues empourprées par la course olympique qu’il venait d’accomplir, il était sûr d’être allé si vite que dans d’autres circonstances il aurait mérité une médaille pour son effort.

« Ah ces foutus centaures, ils veulent jamais rigoler ! Quand j’étais à Poudlard une fois j’avais voulu monter sur le dos d’une licorne ; je ne sais pas quelle relation entretiennent ces deux espèces –bien qu’ils aient tous des sabots- mais je m’étais fait botter le cul en beauté… Mes fessiers s’en souviennent encore ! » Raconta le jeune garçon avec un brin de dérision, la voix saccadée par les longues inspirations qu’il prenait. « Visiblement, imiter Voldemort est aussi une des choses sur la liste de celles à éviter en leur présence… Moi qui croyais pouvoir être tranquille avec une tête pareille ! »

Sean tendit son bras en l'air et Matheson l'aida à se relever en riant. Une fois debout, ses yeux se posèrent sur l'édifice et un sourire emprunt de nostalgie éclaira son visage sale. Il épousseta ses vêtements et se rendit compte que ses cheveux n'avaient toujours pas repoussé.

« Nom d’une bouse d’hippogriffe, Matt ! T'aurais pu m'le dire ! Tu m'aurais laissé entrer comme ça ?! » Pesta-t-il en y remédiant vite, les ébouriffant avec nonchalance.

Riant aux éclats, Matheson répondit une fois qu'il eut retrouver son calme.

« Le prend pas mal, mais... T'as le cerveau plus petit que celui d'un scroutt mon vieux. Tu croyais vraiment être tranquille avec cette tronche sans nez et sans cheveux ? T'étais encore plus visible qu'à la normale. »

Le ton mi-réprobateur, mi-rieur qu'il empruntait à l'égard du métamorphomage penaud qui lui faisait face aurait pu faire croire que Matheson était un garçon assuré, mais c'était Sean qui le mettait en confiance. En réalité, il avait plus de mal à s'imposer que cela pouvait paraître. De nature, il avait toujours été gentil bien que téméraire, et depuis son jeune âge il n'attirait pas trop l'attention sur lui en général. Mais de nouveaux éléments s'étaient ajoutés à cela : 3 années passées à se cacher et à voyager seul l'avaient rendu peu proche des humains, et la confiance avait du mal à passer : de toute manière il était peu désireux de se faire des connaissances. Il n'avait qu'un but : rejoindre Poudlard et agir dans cette guerre. Avec Sean, c'était différent : ça venait naturellement. A ses côtés, la vie avait repris une tournure simple -bien que seulement en apparence- et il avait repris goût aux plaisirs quotidiens qu'il n'avait plus connus depuis longtemps. Les 3 dernières années qu'il avait passées n'avaient rien à voir avec les quelques semaines aux côtés de Sean : les endroits miteux où il logeait pour qu'on lui foute la paix, les constants vols & autres sous forme de loup pour subsister, l'exil volontaire au moindre conflit avant que sa rage ne s'éveille, parfois les affrontements inévitables avec des moldus enragés, les longues journées de marches, les nuits horribles hantées de cauchemars et le violent désir de vengeance qui parfois quand il relâchait son attention menaçait de secouer son corps frêle. Sean avait changé tout ça, il avait partagé ses jours et ses nuits, ses idées, ses peurs, et déchargé son trop lourd fardeau de solitude. Ses yeux se posèrent sur le crâne du concerné avant qu'il ne reprenne d'une voix railleuse :

« Même si tu n'avais pas eu tes cheveux, d'ailleurs... »

La bouche de Sean s'arrondit, ses sourcils se froncèrent à demi, son regard pétilla et son nez se plissa à sa façon coutumière. Son visage exprimait un « tu ne payes rien pour attendre ! » que Matheson décela avant qu'il ne franchisse ses lèvres.

« Le dernier au château ! » Lança-t-il, devançant toute parole de la part du jeune homme.

Et il s'élança, cette fois à la "loyale", vers l'édifice, ses cheveux bruns -a défaut de son habituelle fourrure noire- se collant sur son visage dans la course. Sean ne s'était pas trop laissé distraire et le rattrapait déjà. Tenté de se transformer, il y renonça en voyant qu'il ne lui restait que quelques mètres et lançant un regard par dessus son épaule... Se retrouva au sol. Il ne savait pas bien ce qui s'était passé, mais il vit Sean le dépasser et atteindre les marches du château, triomphal.

« Et c'est moi le tricheur ?... » Lança Matt avec un léger sourire, se relevant... Avant de rechuter.

Ses deux jambes étaient collées l'une à l'autre. Il fronça les sourcils et fusilla du regard un Sean qui, au lieu d'être mort de rire, semblait ne pas comprendre. Sous le regard insistant de Matt, il levait les bras au niveau des épaules, signalant que ce n'était pas lui. Matt se désensorcela tout en scrutant les alentours avant de croiser le regard froid d'une belle jeune fille, en haut des marches, dans le dos de Sean.

Invité Blabla

Il lui sembla qu’elle venait de se faire remarquer et que le jeune homme captif avait découvert sa présence. Captif, son captif. Son bras droit légèrement baissé et toutefois, tendu, tenait sa baguette. Dans la nuit, on pouvait à peine entrevoir qu’elle souriait, dans la nuit, on pouvait à peine l’entrevoir tout simplement. Lisa se tenait pourtant là depuis déjà un bon moment, ayant guetté quelque chose, ou quelqu’un. Tout d’abord, il lui était venu à l’idée de sortir de leur refuge comme elle en avait l’habitude de le faire, généralement la nuit, sans trop d’inquiétudes. A vrai dire, elle ne s’était jamais trop souciée des personnes qu’elle pourrait rencontrer, même si déjà, il n’était pas rare qu’elle vienne pour en rencontrer, remplir ses journées, et divertir ses nuits.
Le ciel était dégagé et cette nuit fraîche, sans pourtant être hostile, ce qui bien sûr, ne signifiait rien dans un monde comme celui-ci, où aucune sortie n’était dénuée de dangers. Les abords de la forêt mythique étaient eux-mêmes visibles tant la clarté de cette nuit de lune, le permettait.
Un léger sourire ne dévoilant rien, ou presque, bien accueilli, prit alors place sur ses traits doux, et plus pâle encore, grâce à cette nuit, mais grâce aussi au climat peu estival. Il lui semblait que cela faisait bien longtemps, une éternité, qu’elle n’avait plus vu d’été. Cela faisait-il si longtemps ? Ou était-ce l’impression que donnait la vie globalement dénuée de sens, ou presque, dans ce château.
Son sourire ne s’était pas éteint. Même, il rayonnait. Restant peut-être indéchiffrable pour les deux jeunes hommes présents. Ils étaient encore assez loin d’elle, ou à quelques mètres, et puis, l’habit qu’elle portait ne le permettait pas, la capuche de sa cape déposée sur ses cheveux offrait une ombre qui tombait à pique. Mais même, elle n’allait bientôt plus servir à grand-chose sinon à la protéger du froid puisqu’elle ne désirait pas garder son identité secrète. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser le doute qu’une autre personne ait pu été l’acteur ou l’actrice de cette agression. « Agression » c’était bien exagéré, mais après tout, ce n’était pas fini non plus.

-Bonsoir jeune homme. Bienvenue à Poudlard, il me semble n’avoir encore jamais vu votre visage et depuis que j’épie votre course, je me doute bien que c’est le cœur léger que vous y entrez…

L’allusion au terme jouvenceau était mal appropriée, ce garçon ne devait sûrement pas être plus jeune qu’elle, mais c’était dans son habitude de prendre les autres en aînée et il n’était sûrement pas le dernier des cas. Elle n’avait pas encore offert un seul regard à l’autre garçon, ni même une parole. Il aurait pu tout aussi bien, ne pas être là.
Quoi qu’il en soit, le garçon était allongé au sol, par sa faute, drôle de façon de dire bienvenue…Mais après tout, faisait-on encore un quelconque effort pour souhaiter la bienvenue aux autres dans cette « école » ? Certainement pas, tous, des brutes, sans aucun sens des politesses. Tandis qu’elle, c’était bien différent. Toutefois, elle n’aurait pu se permettre de le faire si aisément entrer dans l’école, puisque après tout, elle savait pertinemment bien que ce garçon deviendrait bientôt un « ennemi ». Puisqu’il n’y avait presque que cela, dans cette école, des « ennemis ».
Elle fit un pas, puis un autre, l’autre garçon, lui, était toujours devant elle, lui faisant dos, il avait, lui aussi, les pieds sur les marches, il était encore à quelques marches d’elle, se taisant, ne disant rien, comme un spectre, elle se rapprochait lentement, sans aucun sentiment apparent. Elle savait, elle savait très bien. Ses yeux grands ouverts ne quittaient ce dos, comme immobiles, comme pétrifiés, comme si, à lui aussi, elle avait jetée un sort. Elle n’avait pourtant rien fait, mais elle savait, elle savait très bien…
Ce fut la baguette première qui toucha son dos. Etait-il resté de dos sachant très bien, lui aussi à qui il avait affaire… ? Rien que par sa voix ? Savait-il qu’en tournant la tête, il offrirait son visage, et par la même occasion son identité ? Elle n’en eut même pas besoin, puisqu’elle aussi, avait su le reconnaître sans le moindre problème. Et à vrai dire, ce fut une tâche fort aisée…
Elle pressa légèrement sur son dos, à l’aide sa baguette, le tenant à présent immobile, donnant un petit coup entre ses deux omoplates, puis remontant doucement jusqu’à son cou , observant ce dernier.

-Bonsoir Monsieur Sanctus, j’espérais bien ne pas vous revoir si vite, je savais pourtant votre présence à Poudlard et j’avoue avoir souhaité votre mort pour ne pas avoir à vous croiser. Après tout, votre simple apparence me répugne et je ne supporte même plus de vous voir respirer.

Elle s’arrêta brièvement inspirant profondément l’air nocturne.

-Souvenirs, souvenirs, vous affluez si vite…
Pourtant, je dois bien admettre que votre apparence me déplait toujours peu. N’avez-vous pas honte d’être aussi plaisant.

Elle détourna son regard.

-Et que m’apportez-vous là… ? Une recrue pour les jouets, « Veela » c’est bien cela ?
A moins que monsieur ne souhaite se joindre à mes côtés… ?
Et comment s’appelle-t-elle…cette belle nouvelle recrue… ?

Se tenant les côtes, Sean regardait Matt se relever quand il le vit retomber de plus belle. Il allait s'écrouler de rire quand il s'aperçut que celui-ci semblait penser que c'était lui qui l'avait ensorcelé ou je n'sais quoi, mais pour une fois il n'y était vraiment pour rien! Quelque chose clochait. Tout à coup, il sentit un frisson lui parcourir l'échine lorsque les yeux de Matt s'arrondirent, fixant un point dans son dos. Un doux parfum lui arriva aux narines, sensuel, auquel il s'était depuis longtemps accoutumé, et il sut. La stupeur l'empêcha un instant de bouger, et des limbes d'antan l'entraînèrent dans de lointaines pensées. La fougue d'un baiser dans la bibliothèque, la trace de ses petits crocs sur son épaule marquant qu'il était sa propriété, le suçon qu'il avait glissé dans son cou alors que ses mains s'agrippaient à son dos... Son souffle se fit plus pressant.

« Bonsoir jeune homme. Bienvenue à Poudlard, il me semble n’avoir encore jamais vu votre visage... »

Sa voix refroidit net les souvenirs de cette brûlante passion charnelle qui lui était revenu à l'esprit. Il n'entendait déjà plus ce qu'elle disait; il se focalisait sur sa voix harmonieuse et coulante. Elle parlait toujours avec cette même voix toute douce à l'oreille, et pourtant si trompeuse, car si glaciale et tranchante. Elle n'avait pas changé. Il se remémora ses traits, les yeux clos. Elégante, d'une finesse assurée, ses boucles brunes parfaitement ordonnées, sa silhouette élancée et son petit visage émacié où trônaient en maître ses adorables lèvres rosées... Son image ramena à son esprit d'autres souvenirs; les engueulades pour avoir regardé une préfète un peu trop jolie, les cris incessants pour un oui ou un non, cette manière d'attirer toute l'attention sur elle dans un jeu parfaitement calculé et de se délecter des réactions prévisibles des autres, sa recherche incessante à attiser le désir de tous; tout lui revenait en tête... Elle n'avait toujours pas mûri. Il sentit sa baguette passer dans son dos puis dans son cou, et eut presque envie de se retourner et de l'embrasser avec fougue pour la faire enrager. Cette idée s'attisa quand il l'entendit s'adresser à lui.

« Bonsoir Monsieur Sanctus, j’espérais bien ne pas vous revoir si vite, je savais pourtant votre présence à Poudlard et j’avoue avoir souhaité votre mort pour ne pas avoir à vous croiser. Après tout, votre simple apparence me répugne et je ne supporte même plus de vous voir respirer. »

Il eut presque envie de rire. Elle n'avait vraiment pas changé. Pas du tout.

« Souvenirs, souvenirs, vous affluez si vite… Pourtant, je dois bien admettre que votre apparence me déplait toujours peu. N’avez-vous pas honte d’être aussi plaisant. »

Un rictus moqueur s'empara des lèvres du garçon, déjà agité par un tic nerveux. Il fut presque flatté de l'ardeur frénétique qu'elle mettait à le titiller. Finalement, peut être qu'elle n'attendait que ça, qu'il s'empare de sa bouche. Cette pensée lui arracha un rire, mais elle se détourna et reporta son attention sur Matt qui regardait la scène en spectateur hébété. Elle demanda son nom et ses aspirations, insistant sur sa jeune beauté avec qui elle aimerait bien s'amuser. Il ne laissa pas le temps à Matheson de répondre, et s'interposa.

« Lisa, oh ma petite Lisa... Ne joue pas avec moi, je sais bien que tu es folle de moi..! » Dit-il, se retournant et saisissant d'un même mouvement son poignet fin et gracieux, avec un sourire enjôleur, les yeux pétillant de défi et d'insolence. « Tu crois encore pouvoir m'ensorceler ? »

Elle avait grandi, elle était encore plus séduisante, mais il se garderait bien de le lui dire, lui. Il approcha doucement ses lèvres des siennes, passa sa main libre dans ses cheveux, puis se recula brusquement, alors que ses petites lèvres entrouvertes frémissaient. Elle n'avait pas détourné la tête, sûrement par fierté, mais ses jolis yeux lançaient des éclairs. Quelle phrase acide allait-elle encore lui cracher au visage? Il se souvint comme il adorait la voir en colère, et fit claquer sa langue contre son palet sans quitter son sourire arrogant.

Surprise. Stupeur. Perplexité. Attente. Observation. Oubli.
Voilà les sentiments qui s'étaient succédés dans l'esprit du jeune homme. Les jambes de Matheson étaient débloquées depuis un moment du sortilège que lui avait lancé la dénommée Lisa, il le savait à présent pour l'avoir entendu de la bouche de Sean, mais il ne se relevait pas pour autant. Non par crainte de s'étaler à nouveau puisqu'il avait usé de magie pour se défaire du lien invisible qui entourait ses jambes, mais par simple refus. Il ne voulait pas déranger ces... Retrouvailles. En y réfléchissant, cela n'y ressemblait pas réellement, c'était plutôt à une scène de ménage qui semblait totalement hors contexte ; du moins aux yeux du louveteau, qui n'était que le spectateur de cette scène pour le moins incongrue. Non, en fait il était moins que ça, il avait la désagréable impression de faire carrément partie intégrante du décor : il se trouvait en plein milieu de la pièce qui se jouait sans que lui n'ait un rôle à y tenir. Il s'était presque fait oublié par Lisa et Sean. Une pointe de curiosité l'empêchait de faire un mouvement, les yeux rivés sur le manège des deux jeunes gens avec l'attention des grands peintres qui regardent une oeuvre dans le but d'en distinguer la signification en étudiant chaque détail, et il était entrain de découvrir beaucoup de détails en ce moment même : c'était un Sean sous un tout nouvel angle qui s'offrait à lui. Un Sean provoquant, un Sean manipulateur, un Sean qui avait entretenu une relation avec cette jolie Lisa. Et puis elle ! Elle était si intéressante : froide mais pourtant si invective, cassante mais pourtant si gracieuse, un peu à l'image d'une rose. Une belle plante, mais qui ne manque pas d'épines. Une fleur dont on peut apprécier la beauté, mais nullement la saisir sans précaution. Malgré cette légère attraction pour son physique, Matheson n'en fut pas moins heurté par ses paroles d'apparence légères mais lourdes de sous-entendus qu'elle avait prononcées à sont égard et auxquelles Sean s'était interposé avant qu'il n'ait le temps de réagir. «Recrue pour les jouets», «joindre à mes côtés», «belle nouvelle recrue»... Maintenant, sa curiosité était outrepassée par le désir de lui renvoyer la balle; si bien qu'il s'interposa à son tour entre les regards brûlants que se lançaient les deux protagonistes, indifférent à lui qui venait de se relever et de gravir quelques marches avec le regard amusé des personnes qui rentrent dans un endroit qui leur est interdit :

« Matheson Hewitt, veelien, en effet. Désenchanté de faire votre connaissance, je présume, car j'ai l'honneur de rencontrer une de ces sorcières qui pensent qu'on résoudra le conflit par la force, exact ? »

L'ironie accompagnée de la justesse de ses mots claqua dans l'air et les deux regards cessèrent de se fusiller l'un l'autre pour changer de cible et se poser sur lui. Aurait-il dû se sentir comme un gamin en faute ? Car il se sentait comme un conquérant qui se lance dans l'aventure de sa vie. Et c'était de circonstance : désormais, il avait atteint son but, et sa vie était ici, dans ce château qui lui faisait promptement face, dans cette atmosphère électrique à laquelle il devrait s'habituer. En temps de guerre, il ne s'attendait pas au tapis rouge, de toute façon. Les yeux plaqués dans ceux de son interlocutrice, il savait qu'il venait d'entrer dans un jeu dangereux. Mais il s'en fichait : un sentiment d'accomplissement avait emplit son coeur à la minute où il avait posé un pied sur les marches. Sa place était ici. Il avait atteint son but, il avait rejoint Poudlard. Enfin.

Invité Blabla

Jeu d’un à l’autre, de temps en temps, par l’intermédiaire de la nouvelle recrue…Jouer ? N’était-il pas en train lui-même de se jouer d’elle avec sa mine amusée et son air dominant. Oui, il avait toujours été dominant, mais non, pas de cette façon là. Là, c’était clairement du mépris, de la moquerie, rien d’autre, c’était petit, oui mais. Plaisir réciproque, étant donné le plaisir divin que lui procurait ce retour dans un lointain passé. Lointain, très lointain, révolu, même.

-Eh bien, ne nions pas, il me semble bien que vous fûtes toujours à mon goût, très cher…Et ce n’est d’ailleurs pas histoire de physique que vous et moi, avons mis terme à une antécédente relation. Vous souvenez-vous ? Du moins il me semble, car je pense n’avoir jamais rien eu à vous reprocher là-dessus…

Comme un éloge à son égard, en plus amusant, avec un peu moins de détour et avec des vérités avouées sans aucune pudeur. Elle n’en avait aucunement honte, d’ailleurs. Le désir charnel avait toujours répondu présent, sans jamais aucun manquement. Elle ne l’avait pas oublié.
Alors, il commença à s’approcher, proche, trop proche, amusé, toujours dans son jeu, dans leur jeu. Son visage, ses yeux, ses lèvres, tout cela, bien trop proche. Lisa n’avait rien de quelqu’un de très sensible, mais elle n’était pas stupide non plus, elle ne niait pas cette attirance, son corps, surtout, n’y parvenait pas. Elle ne le niait même pas ouvertement, cependant… Cette approche bien trop étroite fut à l’origine d’une fissure en elle, une infime faiblesse, un talon d’Achille, minuscule, presque invisible, mais bien là. De cette fissure, un désir, pas ravageur, pas rongeur, pas invincible, pas éternel, rien de tout cela, mais bien présent. Et Lisa ayant peu pris pour habitude de se refuser quelque chose, cette vision, cette proximité alléchante, sans pouvoir pourtant toucher, la consumait à petit feu. Pourtant, le désir de capturer, posséder et mordiller ses lèvres ne manquait pas, c’était un véritable supplice infernal. Le jeu se retournait en un sens contre elle, à présent prise au piège, et rendue immobile tant qu’il serait là, tout près. Elle retenait mouvements, frissons, tremblements, toutes marques de faiblesses, tentant d’oublier par-dessus tout que tout était trop proche. Que son souffle caressait avec une douceur irrésistible son visage. C’était même plus qu’elle pouvait supporter, mais elle subissait, ça ne lui arrivait pas souvent pourtant, mais c’était d’une importante nécessité. Non, elle n’était pas stupide.
Et lorsque sa main passa dans sa chevelure, insupportable et impardonnable pulsion.
Alors, elle s’en voulut, terriblement, cette faiblesse n’aurait jamais dû être, comme cette relation d’ailleurs, ayant laissé bien trop de séquelles. Le désir avait toujours fait partie intégrante de l’équipe, il avait toujours été le bienvenu, mais pas là, là, il était de trop.
Il fallait le détester, l’écraser, le torturer et en rire, en jubiler, en profiter, se venger, par-dessus tout, se venger.
Voilà, qu’il s’éloignait, lui donnant presque le désir de le saisir pour qu’il ne parte pas, mais elle surmonta ce désir. Et enchainant résistances, les pulsions comprirent que c’était partie remise, qu’elle avait « gagné ». Ce n’était pourtant pas une belle victoire, mais elle se permit un soupire léger, discret, qu’il ne pourrait pas voir, qu’il ne pourrait pas interpréter en la réaction qu’elle venait d’avoir à sa provocation bien subtile.
C’était bien au-delà de ce qu’elle aurait pu s’attendre de sa part chez elle. Une goutte de sueur en perla au coin de son front. Elle avait à présent, toutes les raisons de penser, qu’il y avait tout de même une part de stupidité chez elle.
L’intervention de la nouvelle recrue la sortit de cet épisode et de sa culpabilité. Dés la première parole, Lisa ne put réprimer un sourire qu’elle adorait sortir en toute occasion, signe de sa parfaite innocence. Déjà, un jugement. Visiblement, sur la chaine alimentaire, Lisa se situait en prédateur indésirable et ces deux jeunes hommes, les moutons tous blancs, tous bons. C’était un peu ça, et non, à la fois.
Visiblement, ce dit Monsieur Hewitt ne la portait déjà pas dans son cœur. Devait-elle voir en lui, un nouvel « adversaire » ? C’est ce qu’elle allait tenter de découvrir.
Elle offrit un dernier regard à Sean avant de lui tourner dos, observant plus minutieusement le dit Matheson. Avant de répondre quoi que ce soit, elle resta immobile, sourire figé, le temps de quelques secondes, démarche nécessaire si l’on en croyait la tournure sérieuse que venait de prendre la conversation.

-Désenchanté… ? Vous m’en voyez désolé… Vraiment, vous, qui me connaissez à peine, me détestez déjà… ? Avouez, pour des gens civilisés, c’est plutôt étonnant...
Sachez d’ailleurs que je ne résous rien par la force. La force c’est pour les brutes épaisses, je pense juste que pour imposer nos idées, certains sacrifices sont nécessaires.

Elle fit un pas de plus vers lui, signal qu’elle s’adressait bien à lui.

-Sacrifices, qu’en vérité, je me refuse très rarement

La revoir devant lui ainsi, qu'il dépassait toujours de plus d'une tête, l'avait lui aussi replongé en arrière, elle l'avait bien saisi. Et il fallait bien l'admettre, la place de ces dit souvenirs était bien plus cuisante dans son esprit qu'il ne l'aurait voulu.

« ...Ce n’est d’ailleurs pas histoire de physique que vous et moi, avons mis terme à une antécédente relation. Vous souvenez-vous ?... »

S'il se souvenait? Une bouffée de chaleur lui monta au visage mais il ne détourna pas la tête et réprima tout juste un soupir entendu. Quelle provocation pour ses sens! Son envie de rétorquer le tiraillait, mais cette envie se heurtait à ses principes: c'aurait été se dévoiler devant une femme, et la présence de Matt n'était pas propice à ces confidences. De plus, il se souvenait de la violence de leur relation, et malgré le désir charnel qu'on ne pouvait décemment nier, il n'était pas sûr d'être enclin à supporter le reste à nouveau. Il se recula au moment où Matt prit la parole. Il eut envie de rire, ce petit ne connaissait pas Lisa et ne savait pas la hauteur du risque qu'il venait de prendre en employant ce ton avec elle. Lui pouvait se vanter de savoir la canaliser, mais ce doux Matty... Elle l'aurait déjà avalé tout cru si elle avait pu. Il fut tout de même fier du franc parlé du gamin, qui ne manquait pas d'impétuosité juvénile. Mais comme il s'y attendait, Lisa ne tarda pas à sortir les couverts. Premier planté de fourchette, elle ne tarderait pas à se mettre à table. Pourtant, la connaissant, il savait que ce n'était qu'une mise en bouche.
Jetant un léger coup d'oeil à Matt, il put voir qu'il n'avait pourtant pas cillé. Bombant le torse intérieurement, Sean avait décidé de le laisser jouer ses cartes sans s'en mêler. Seulement, s'il le fallait, il était prêt à tricher...

Une légère surprise s'imisça dans le silence qui était tombé après ses paroles. Ceci passé, un sourire s'étendit sur le visage de la jeune fille tandis que Sean le regardait d'un air plutôt détâché, attendant la suite des évènements. Matheson attendit sagement qu'elle daigne prendre la parole, ce qu'elle ne manqua pas de faire tout en se rapprochant de lui, avant de sourire légèrement à son tour. Du répondant. Il n'en attendait pas moins. Le sentiment grisant s'estompa un peu pour laisser place à l'animositié qui cherchait à s'emparer de lui. Parfait.

« Mille excuses. » Prononça-t-il de sa douce voix en esquissant une légère révérence. « C'est vrai que j'ai sûrement pris votre salut à tomber à la renverse de la mauvaise façon, pardonnez m'en. »

Il laissa planer un nouveau silence en se remémorant ses déclarations. «Sacrifices que je me refuse rarement.» Il avait bien saisi la menace de sa dernière phrase, et il s'en réjouit, car elle servait très bien ses intêrets.

« Il est vrai que je vous imagine difficilement sur le ring. » Ajouta-t-il du même ton, légèrement railleur. « Cependant, je vous vois bien planter un fusil sur la tempe de votre adversaire pour qu'il vous écoute plus attentivement. »

L'image de sa baguette, sinuant dans le dos de Sean au début de la conversation, s'était fait doucement une place dans son esprit. Pourtant, elle n'en avait pas besoin pour se faire entendre, il n'en doutait pas. Il suffisait de voir la vitesse avec laquelle sa langue se déliait et comment elle pouvait déstabiliser. L'exemple de Sean qui s'était retrouvé au pied du mur en quelques phrases était la preuve vivante de cela. Mais Matheson aussi avait cette faculté, qu'il avait acquérit auprès de son père, et aiguisée durant son voyage avec Sean où ils n'avaient cessé de se chamailler de cette façon. Là, la seule différence, c'était que la conversation n'était pas un simple jeu, c'était du sérieux. Comme lorsque son père avait défendu sa cause le jour de sa mort face aux moldus. Cet échange le rendait perplexe, car c'était une des premières fois qu'il échangeait sur ses idées avec quelqu'un qui ne les partageait pas. C'était en même temps grisant, et déstabilisant. Le ton de la raillerie lui semblait le plus propice pour ne pas se laisser dépasser. Chassant l'image de son père de son esprit, il reprit d'un ton qui se voulait confiant :

« Métaphoriquement parlant, bien sûr. Pourtant, il existe des moyens détournés pour se faire entendre, comme la réthorique. Et c'est tellement plus civilisé. Mais je suppose que vous êtes prompte à en faire sacrifice. C'est plus facile d'imposer sa voie aux autres plutôt que de la défendre... »

Matheson la rejoint sur la même marche où elle se trouvait. La réthorique n'avait pas sauvé son père, il en était tellement conscient. Mais il ne prendrait jamais plus la voie de la violence pour arriver à ses fins. Il lui ferait honneur par la force de sa raison et de sa volonté, et non sa rage. Il regarda Lisa, se demandant un instant quelles pouvaient bien être les motivations qui l'avaient conduite à ce choix, éprouvant un mélange de sentiments contraires.

Invité Blabla

-Vous l’avez bien « éduqué »…

Cette dernière phrase était adressée à Sean, elle pivota d’ailleurs légèrement la tête, sans véritablement le regarder pour lui faire comprendre que c’est bien de lui qu’elle parlait. A l’évidence, ces deux là formaient un couple parfait. Ce Hewitt avait les mêmes idées que son compagnon, et pour cause, elle en savait quelque chose puisque malgré tous leurs différents et le temps qu’ils ne se côtoyaient plus, sur ce point, il n’avait jamais vraiment changé. Les mêmes convictions, les mêmes espoirs. Tout cela, fort réfutable pour Lisa. Tout ce en quoi ces deux jeunes amis croyaient ne signifiait rien pour Lisa, des fausses idées, désillusionnées. Elle avait toujours été douée pour cette tâche, supprimer l’illusion, chez elle, mais aussi chez les autres, les désespérer pour qu’ils ne lui infligent pas une nouvelle irritation.
Matheson semblait s’être pris, lui aussi, au jeu. N’y avait-il donc plus aucun être dans ce monde incapable de jouer ? Etaient-ils tous devenus des fins espiègles ? Visiblement oui. Et il prônait dans son rôle, fort bien. Il fallait l’avouer, il se débrouillait aisément.
Il accompagnait ses conversations de sourires charmés, d’une intonation contrôlée, d’un parfait débit. En somme, il s’initiait au jeu comme s’il y avait déjà joué. Serait-il donc possible que ce jeune nouvel arrivant, semblant innocent et comme nouveau né, ait déjà acquis de l’expérience de vie… ? A l’évidence oui. Était-ce l’autre individu présent, était-ce une histoire fort compliquée, un passé rude, une longue histoire passionnante. Cela importait peu.
Ce qui plaisait moins à Lisa était le contenu de ses propos, s’il se défendait fort bien, il est vrai, ses réponses ne la satisfaisaient pas du tout. Pour Lisa, comme une offense à sa personne…Susceptible ? Oui, et à la fois pas tellement, c’était tout simplement qu’elle pensait que tout ce qu’il était en train de lui déballer, s’avérait être une erreur. Elle pouvait toujours se consoler sur ses phrases bien tournées et sur sa douce et agréable voix. Ses airs s’avérèrent tout de même plus grave qu’auparavant et le sourire aimable qu’elle affichait précédemment laissait place à un visage tout ce qu’il y avait de plus neutre, et tout de suite, beaucoup moins amusé.

-Vous seriez fort déçu, je le crains Monsieur, non seulement car j’utilise très rarement les objets moldus, et que leurs armes à feu ne sont pas adaptées aux demoiselles de mêmes silhouettes que la mienne. De plus, je vous ferai savoir que je n’ai pas besoin de faire chanter quelqu’un pour obtenir ce que je désire. Il m’arrive d’avoir des altercations physiques, ou magiques, si vous préférez, ou bien, je me contente de remettre à sa place la personne concernée. N’allez surtout pas croire que j’ai besoin de m’approcher de vous, de pointer ma baguette sur votre gorge et vous faire promettre de renoncer de vous opposer à moi.
Et dites-vous que s’il n’y avait pas des personnes pour exécuter certains actes, ceux que vous dites injustes, vous ne seriez pas dans cette position. Car on ne vous laisserait pas le choix. Vos convictions et les miennes peuvent coïncider, dites vous que c’est bien nous qui servons vos intérêts.

Elle le fixa très clairement, la conversation avait dès lors pris une tournure déjà moins amusante. Et Lisa avait tout simplement oublié le jeu. Si cependant, elle pouvait éprouver un potentiel plaisir à saisir le regard d’un jeune homme encore frais dans ses pensées, ce fait ne créa pas de sourire. Et Lisa continuait à l’observer, droit. A une distance suffisamment proche pour qu’elle puisse observer le moindre de ses gestes.
Dure, injuste, égoïste, dotée de peu d’humilité, c’était Lisa, et elle n’hésiterait pas.

Sa lèvre supérieure s'agita d'un tic agacé, et passant une main dans ses cheveux, il dut lever les yeux au ciel pour contenir son éxaspération. Matheson remarqua son geste et plaqua son regard glacier sur lui, alors que Lisa tournait à peine son petit visage pâle et grave dans sa direction.

« Pour toi, j'aurai manipulé ce garçon, Lisa ? Tout comme tu crois encore que j'ai manipulé ton petit coeur fragile ? » Commença-t-il en prenant une voix faussement innocente chargée d'un cynisme effronté. « Tu as tout faux. Comme d'habitude, tu te fies aux apparences. »

Après avoir prononcé ces mots, il se rendit compte de la pique blessante que son agacement avait lancé à sa place. Il secoua la tête, et ne laissa pas le temps à Matheson de repartir à l'attaque.

« Je n'ai rien appris au gamin, il a ça dans les trippes. Je n'ai à voir là dedans. Tout comme je n'aimais que toi, à l'époque, tu sais. » Se reprit-il, fragilisé par sa stupide spontanéïté. « Mais ça n'a plus d'importance... Hum. »

Se raclant la gorge, il baissa les yeux une demi seconde avant de s'intimer d'affronter son passé, comme il l'avait toujours fait jusqu'à présent. Il monta une marche plus haut comme pour souligner l'importance de ce qu'il s'apprêtait à dire, et qu'il attendait déjà la contre-attaque cinglante qui allait en découler.

« Et oui, nous sommes en guerre, et oui nous ne voulons pas des moldus chez nous. Mais au fond, ne lutte-t-on pas tous pour la paix ? Et ne trouves-tu pas absurde de la défendre en laissant des cadavres dans ton sillage ? Je ne dis pas que la solution c'est de se la jouer "Power Flower" mais je ne crois pas non plus que la version "Apocalypse Now" vale mieux. » Conclut-il, tous les traits de son visage emprunts de conviction.

Sa phrase se perdit dans un silence moite, et il se tut, regardant tour à tour Lisa et Matheson, ses yeux verts froids et sans expression. Dans les yeux de l'un il trouva la désillusion, dans ceux de l'autre l'espoir naïf. Lequel était le plus enviable? Il ne savait pas vraiment. Il effleura la joue de Lisa en partant, ne lui laissant pas le temps de parler, monopolisant l'attention comme il aimait tant le faire.

« Allez viens cabot, on rentre. Il commence à faire rudement froid par ici... »

Et c'était rien de le dire.

Matheson était scotché. Sean avait d'abord eut l'air vulnérable puis c'était comme s'il avait tiré de la force dans cette faiblesse pour parler avec plus de conviction que jamais à son petit oratoire. C'était des paroles sensées qui à la fois englobaient ses dires et ceux de Lisa, bien qu'il choississait clairement son camp. Sean avait choisi les Veela, et Matt aussi. A la fois bouche-bée et interdit, il n'avait fait qu'écouter. Puis, après un silence croustillant, Sean avait une fois de plus pris la parole sous le regard admiratif de Matt, et froid de Lisa.

« Allez viens cabot, on rentre. Il commence à faire rudement froid par ici... »
« M'appelle pas cabooot. » Râla Matt en lui jetant un regard noir.

Sean fit fî de ses paroles, comme toujours et avança, l'air nonchalent. Matt jeta tout de même un dernier regard vers Lisa. Immobile, celle-ci semblait bouillir sous ses veines mais restait digne et droite sur les marches. Le silence était la meilleure réponse qu'elle pouvait offrir, puisque Sean venait de s'éclipser, et lui courir après il s'en doutait n'était pas du tout dans l'habitude de la jeune fille. Celle-ci se rendit compte qu'il le regardait et lui jeta le regard glacial qui semblait jaugeait toute chose qu'elle possédait. C'est ce qui le décida à ne pas broncher plus et suivre Sean en haut des marches. Grimpant l'escalier quatre en quatre, il entra enfin dans le château, sans plus un regard en arrière.

Très court, mais c'est parce que c'est ma cloture =$...

Invité Blabla

Sur ces derniers mots que prononça Sean Sanctus, Lisa se fit violence pour ne pas répondre. Qu’avait-il donc dans la tête ? Les moldus du temps où ils croyaient que la sorcellerie existait n’avaient cessé de pourchasser ses auteurs en faisant condamner pour la plupart du temps, « des innocents ». Non pas qu’elle leur en voulait d’avoir condamné des innocents, non, le problème ne résidait d’ailleurs dans une vengeance qu’elle désirait. Elle ne pensait pas qu’il fallait infliger une punition aux descendants des anciens criminels. Après tout, même s’ils trouvèrent peu de véritables sorciers, leur souhait était de les exterminer.
Cela ne démontrait-il pas leur faiblesse, la petitesse de leur âme, leur jalousie, leur cupidité. Et aujourd’hui encore ils le montraient. Aujourd’hui, les sorciers découverts souhaitaient s’enquérir des privilèges des sorciers. Autrefois ayant fait l’erreur, autrefois criminels. Ne risquaient-ils pas de nuire à nouveau ?
Et même si le veelien avait raison, même si faire le crime n’était pas toujours nécessaire, le risque que les moldus arrivent à leur fin, était tout à fait suffisant pour elle pour qu’elle ne laisse aucune personne s’interposer, pas même un sorcier.
Les moldus étaient rongés de cupidité, faibles, asservis, ils n’avaient après tout, pas changé, et ils n’auraient pas ce qu’ils voulaient cette fois. Pas seulement parce qu’il y avait des gens comme elle pour défendre leur privilège, mais aussi parce que c’était tout simplement impossible. Sorciers et Moldus étaient différents. La différence serait toujours là, pourquoi s’obstiner ?
Mais puisqu’ils savaient désormais, Lisa était unanime, il n’y avait aucune autre solution que de leur en empêcher, aussi en faisant taire les récurrents.
Lorsqu’il la frôla, qu’il partit, se faisant suivre de la nouvelle recrue, Lisa continua à les suivre des yeux, les observer, l’un et l’autre, lui faire dos, laissant pour toutes traces un dernier petit sarcasme qui lui était spécialement dédicacée. Un souvenir pour lui faire comprendre qu’elle était d’une indésirable froideur. Et cela, même si elle le savait déjà. Elle observait jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans l’ombre de la porte, dans la nuit régnante. Elle observait stoïque jusqu’à ce qu’ils ne la voient plus. Lorsque leur marche ne fut qu’un souvenir pour elle et qu’elle se retrouva confrontée à elle-même, elle soupira.
Il avait joué lui aussi, refoulant des souvenirs longuement enfouis. Il n’avait jamais été aussi « pur » qu’il semblait vouloir le montrer.

-Que je te hais…

Susurra-t-elle dans la nuit pleine d’animosité.

[ Verrouillez ce topic s'il vous plait, Rp achevé :) ]

Blabla