Ce matin, je me réveille, il est neuf heures. Je me lève toujours tôt. Je peux rentrer complètement déchiré chez moi à quatre heures du matin, je me lèverais toujours tôt pour pouvoir profiter tranquillement de la cuisine high tech que mes parents ont fait refaire trois fois en un an. Ma mère dit toujours que quand on a les moyens, il faut se faire plaisir. Je suis d'accord.

Je me suis toujours dit qu'avec une mère aussi protectrice que soucieuse de mon bonheur ( donc de mon argent de poche ) et un père travaillant quatre-vingt heures par semaine, j'aurais ce que je voulais. J'avais raison. Etant fils unique, j'ai toujours obtenu tout ce que je désirais, à la minute où je le demandais. J'avais leur amour, leur attention, leur admiration, leur respect, même. Ils ont tout misé sur moi. Tout. Je suis leur vie.

Je suis tellement toute leur vie qu'ils ont toujours décidé pour moi. Par exemple, ils ont décidé pour ma future femme : la promise n'est autre que Natalia De Lampedusa. Au début, ça m'a étonné, parce qu'elle était catholique. Mais pour mes parents sont encore plus anxieux que religieux. Je serais donc marié à une shiksè. Soit, je m'en fous, après tout. Natalia est belle. Natalia est ma psychotique. Natalia est à moi. Oh, je vous rassure, c'est purement de l'amitié, enfin, je crois que ce n'est que de l'amitié. C'est purement platonique, notre relation est un amour sans sexe, et c'est très bien comme ça.

J'allume une cigarette, tirée d'un vieux paquet. Je grimace, elle a mauvais goût, elle finit sa misérable existence de cigarette dans l'évier. Je fixe longuement le filtre qui se mouille, les cendres qui se brouillent dans une sorte de pâté informe, mais je sors de ma torpeur. Ma mère vient de poser sa main sur mon épaule. Je me retourne et je lui souris, un faux sourire qui paraît vrai. Elle me sourit en retour aussi. De ma mère, j'ai hérité les cheveux bruns, les yeux bleus et orageux, la démarche sophistiquée mais nonchalante. J'ai hérité de son élégance, en somme. Elle m'a transmis également son arrogance et son mépris. Je suis sa plus parfaite création, elle m'adule comme un dieu. Elle est en partie responsable de mon adolescence dissolue et de mon caractère imbuvable. Tant pis pour elle. Elle n'avait qu'à pas m'emmerder.

LE TYRAN - « Comment vas-tu, chéri ? »
THE KING - « Bien, maman. Aujourd'hui, je sors. Ne m'attendez pas pour manger ou quoi que ce soit. »
LE TYRAN - « Comme tu voudras, chéri. Prends ta baguette, on ne sait jamais. »

Je fais oui de la tête, la dévisageant encore quelques secondes. Ses longs cheveux sont défaits et elle a des cernes. Je sais que dans sa poche, il y a une plaquette de Valium et qu'elle en reprendra un sitôt que je serais sorti. Soit, chère Rachel Cohen, je vous laisse vous abrutir en silence.

Je remonte rapidement dans ma chambre. J'enfile un jean et une chemise, je prends mes clés et ma baguette, puis je sors de la maison. Dehors, il fait très beau et le vent est tiède. Les vacances sont toujours plus douces sous le soleil. Les rues résidentielles sont encore désertes ce dimanche matin. J'allume une cigarette, une bonne cette fois et je fume en marchant au milieu de la route. Mes pas me conduisent jusqu'à la plage, déserte elle-aussi.

Je m'allonge sur le sable, le soleil me caresse la peau. Je ferme les yeux et j'écrase ma cigarette dans le sable. Je pense. Je pense à beaucoup de choses, à Natalia, à l'alliance que je porte à l'annulaire, je pense à Poudlard, je pense que je n'aurais bientôt plus de cigarettes et qu'il faut que je m'en rachète, je pense à MTV, je pense aux dizaines de Valium que ma mère s'avale, je pense aux maisons résidentielles identiques et à leur effrayante ressemblance, je pense à mon père qui n'est pas là et qui travaille à Sainte-Mangouste pendant que maman et moi on est comme deux âmes en peine ici, sur les Îles Baléares, dans cette maison blanche et silencieuse qui m'oppresse. D'habitude, je ne pense pas, du moins, j'essaye de m'abrutir le plus possible pour éviter de penser. Ca n'a jamais donné rien de bon que je pense, parce que je suis du genre pessimiste, de toutes façons. Bon, j'arrête.

Je crois que le soleil me tape un peu trop sur la tête. Les zombies dans mon genre n'aiment pas la lumière.

Hey =)

Elie est un égoïste : la guerre l'indiffère tant qu'elle ne bouscule pas son petit monde. Il est totalement indifférent aux Moldus, pour lui, ils sont aussi initéressants que les sorciers ( Elie ne porte pas vraiment l'humanité dans son coeur, en fait )
Pour ce qui est de Poudlard, Elie ferait tout pour échapper à ses parents et l'oppression qu'il subit en leur compagnie : il préfère donc Poudlard. Encore une raison égoïste plutôt qu'autre chose.

J'espère avoir répondu comme tu l'espérais ... ^^'