Sittin' drunk on a wagon to Mexico. (Gael)

Sittin' drunk on a wagon to Mexico. (Gael) Gaeliconui3

19 Septembre. 15h15.

Evie McCoy s'était faufilée en-dehors du château. Marre de l'ambiance, de ces bandes de petits cons face à elle, de tout. Poudlard était devenu un vrai orphelinat. Des bagarres éclataient à tout bout de champ entre deux garçons de clans différents, des disputes, plus de cours pour se changer les idées - et pourtant, McCoy était la dernière à revendiquer les leçons de magie. D'ailleurs, elle avait dernièrement développé une technique de transplanage outre les protections du château qui lui donnait l'impression de se téléporter instantanément où elle voulait. Evie voulait du changement. Elle s'efforcait de chercher des nouveaux moyens de pratiquer la magie blanche. La magie sans baguette avait fait son petit effet à Poudlard, et de plus en plus d'élèves pouvaient l'utiliser - la plupart étant des sixième ou septième année. Evie la maîtrisait. Elle en faisait ce qu'elle voulait et rendait dingues les pauvres débiles qu'elle haïssait.
Evie sortit, les mains dans les poches de sa veste noire, capuche sur la tête, comme une petite voleuse à la tire. Elle portait un simple jean déchiré sur le genou droit et des baskets, avec un t-shirt vieux comme Hérode à rayures. Elle n'était pas du genre gentille fille. Plutôt garçon manqué - ou presque. Elle s'avanca. Il pleuvait à peine mais le soleil perçait à travers les nuages gris clair. Evie poursuivit sa marche jusque devant l'entrée de la Forêt interdite. En des temps plus difficiles, et si elle avait été une Moldue, elle aurai emmené avec elle de l'alcool et autres trucs inutiles qu'ils utilisent quand ils ont des problèmes. Etant donné que Evie avait une très mauvaise expérience des boissons alcoolisées, elle se contentait de ne pas décliner l'offre de cigarette de Gael, de temps en temps. Elle n'avait jamais compris comment les Moldus pouvaient consommer de ces trucs sans cesse, mais ca lui faisait du bien.
En parlant de Gael. Evie l'attendait. Elle voyait déjà les chuchottements des filles surexcitées, elle entendait déjà les rumeurs lançées à son sujet surtout. Parce que en bonne coqueluche des filles, Gael, lui, était blanc comme neige. Et Evie était devenue en quelques mois la petite garce. Elle savait pertinemment que tout le monde disait qu'il y avait plus que de l'amitié entre Caulfield et McCoy. Qu'ils se mêlent de leurs oignons. Façon de dire que même Evie elle-même n'en savait foutrement rien.
Evie s'assit au pied d'un arbre, asséchant l'herbe autour grâce à un sortilège informulé, et s'adossa au tronc, le nez au ciel, les yeux mi-clos. Un peu de calme en-dehors de toute cette marmaille bruyante - dont la plupart ne cherchaient que les embrouilles. Evie n'était pas réputée pacifiste, mais elle avait acquis un certain respect depuis qu'elle avait frappé Evigan, une forte tête du château. Elle était alors passée en tête d'un groupe de rebelles en accord avec ses idées pro-moldus. Et voilà.

Au fond, on en venait à ne pas regretter le Poudlard d’avant. Franchement, à quoi ça servait de se pourrir la tête avec des cours d’histoire de la magie, quand la guerre avait éclaté, et qu’ils étaient eux même en train de réécrire l’histoire. Ce n’était pas sa dernière année d’études qui lui manquerait. Et de toute façon, pour ce à quoi ça servirait… Ici, chacun faisait sa petite loi. Y’avait les chefs, ouais, et ils étaient vachement respectés. Enfin, facile à dire. Gael respectait Evie. Les autres, rien à foutre. Chacun avait sa propre petite place, faisait ses conneries, et les assumait. Envoyer les « enfants » à Poudlard avait été la pire idée qu’avaient pu avoir les « adultes ». En pensant qu’ils allaient rester inoffensifs, exclus de cette guéguerre, tous se trompaient. La guerre, ils la vivaient. Et là, c’était eux les soldats.
Mais le plus drôle dans l’histoire, c’était les gamins de 11-12 ans qui se croyaient dans La Guerre des Mondes. Pan pan. T’es mort. Tous des larves qui suivaient les plus grands en croyant qu’ils avaient leur mot à dire. Non. Eux, ils n’avaient rien à dire. Mais juste à fermer leur gueule et rester dans leur coin. En fait, on les voyait même plus. La plupart du temps ils étaient enfermés dans la bibliothèque, et c’était tant mieux. Trop occupés à essayer de s’apprendre eux même des sorts qu’ils ne sauraient jamais utiliser. Poudlard était devenu le royaume des Grands. Assez paradoxal.

Alors quand un mioche le réveilla par erreur, Gael eut une seule envie, lui faire avaler du bouquin. 14 h 49. Merde. Elle était bien belle la vie qu’ils menaient au château. En fait, c’était un peu comme un prolongement des vacances d’été, avec plus de disputes, plus d’animations, des décisions importantes à prendre, et tout ça. La fête, tous les soirs. S’ils continuaient à ce rythme là, le château deviendrait un déchet ambulant. Et eux tous seraient foutus. Gael le savait, mais pour l’instant il n’y pensait pas. Pas envie de règles. Pas besoin de règles. Sur ce point là, Evie & lui étaient remontés à bloc. L’anarchie au château n’impliquait aucune règle. Les adultes, dehors. Ca, c’était leur guerre à eux. Il ne fallut pas des masses de temps à l’ancien gryffondor, pour prendre une douche et s’enfiler des vêtements propres. Jeans, t-shirt, sweat-shirt. Il se passa une main dans ses cheveux avant de les ébouriffer un peu et de s’enfoncer un vieux bonnet sur la tête. Rendez-vous avec Evie dans, dix minutes.
L’adolescent sortit de ce qui lui servait actuellement de dortoir, pour se diriger à pas tranquilles vers les cuisines. Quelques elfes étaient encore là, les pauvres crétins s’abaissaient encore aux ordres des sorciers. On avait beau les pousser à se rebeller, rien n’y faisait. Et puis au fond, ils savaient tous qu’ils avaient besoin d’eux. Deux cafés fumant aux mains, brandy sortit des vastes cuisines. Regards par-ci, regards par là. Sourires par-ci, regards noirs par là. Ca ne changeait pas des autres jours. Allelujah, le parc. Encore quelques pas. L’air frais, les cafés qui lui brûlaient les mains. Cigarette. La première et toujours la meilleure de la journée. Tiens, la v’là, Evie. Sourire. Il s’accroupit à côté d’elle.

« Café ? »

15 h 27.

« Café ? »
« T'es en retard. »

Evie, le sourire aux lèvres, avait l'habitude de lancer ce genre de piques à Gael. Elle prit le gobelet d'or dans sa main, et huma le liquide fumant. Elle s'attendait plus à quelque chose du style whisky venant de lui, mais elle savait aussi que Gael était conscient de la répulsion d'Evie pour les boissons alcoolisées. Elle souffla dessus, et le porta à ses lèvres pour tout boire... cul-sec. Evie déglutit et lanca le gobelet un peu plus loin devant elle, dans l'herbe, tandis que Gael s'asseyait à côté. Evie s'essuya la bouche avec le revers de la main. Rustique. Pas très délicat mais très personnel. Elle appuya sa tête contre l'arbre et ferma les yeux.

« Comment tu peux rester aussi calme devant le bordel qu'il y a dans ce putain de château ? »

Ouais, c'était la question. Entre les ragots, les disputes, les bagarres, elle en avait tellement assez. C'était beaucoup trop - même si ca pouvait être déplacé de dire ca dans la bouche d'une fille comme elle. C'était elle qui déclenchait des bagarres, qui provoquait la plupart des personnes. Mais elle en avait marre. On pouvait finir par se lasser, non ? Evie s'en lassait, elle allait prendre quelques heures de répit, et repartirait sur les chapeaux de roue, de toutes façons. Pas moyen de la tenir en place. Tout le monde le savait. Surtout Gael.
Et là, c'était le moment où Evie poserait des tas de questions à qui personne ne pourrait répondre. Juste pour se convaincre qu'elle pouvait encore s'interroger sur sa place ici, à Poudlard, sur Terre. Qu'elle existait toujours, en quelques sortes.

« Et pourquoi toutes ces filles te tournent autour ? Pourquoi Culligan ne me cause plus ? »

A continuer, elle allait ajouter "Pourquoi ma mère s'est butée ?". Mais elle s'abstiendrait. Pour l'instant.

« t’es en retard. »
« pour changer. »

ah, c’était bon de retrouver Evie. Leurs bonnes vieilles piques, leur bonne vieille relation. Les mauvaises langues pouvaient parler, McCoy & Caulfield étaient faits pour s’entendre. Le jeune homme prit un air faussement outré en voyant que la dam’zelle humait le liquide. Comme s’il aurait pu, ne serait-ce l’espace d’un instant, penser à lui refiler du whiskey ou quelque chose de plus fort à une heure si matinale. Non. Le matin c’est sacré. Le matin, c’est café. Quelle brusquerie. Gael, lui, prit bien le temps de se délecter de la boisson avant de poser le gobelet sur l’herbe fraîche et humide. Bon. Ca, c’est fait. 15 heures passées, il était bien temps de se réveiller. Et pendant qu’Evie faisait bronzette, Gael profita des dernières bouffées de sa première cigarette. Ouais, c’est vrai, c’était le chaos à Poudlard. Mais tant pis. Après tout, ce chaos, c’est eux qui l’avaient choisi. En refusant adultes et autorités supérieures au château, ils se destinaient à une telle anarchie. Ainsi, il hocha des épaules, sachant pertinemment qu’Evie n’était sans doute pas en train de le scruter. It doesn’t matter.

« Comment tu peux rester aussi calme devant le bordel qu'il y a dans ce putain de château ? »
« j’sais pas. je vis ma vie, et c’est tout. »

bah ouais. Parce qu’autant l’ambiance était tendue, autant ça ne tenait qu’à eux de chercher à changer les choses. Et puis, s’ils alimentaient cette guerre, stop les plaintes. Centaur, ça ne signifiait pas rien. Et Evie le savait très bien. Malgré tout, des moments de break n’étaient que bénéfiques. Se sortir un instant de cette ambiance, profiter du soleil, du « beau temps ». bref. Il sourit, tout de même amusé par toutes les questions de la jeune fille. Pendant un instant il ne répondit rien, gardant ce sourire aux lèvres, et tirant une deuxième cigarette de son paquet. Puis, il se retourna vers Evie, qui s’était légèrement redressée. Allumant sa cigarette qu’il tenait en équilibre entre ses lèvres, l’adolescent renchérit.

«pourquoi le ciel est bleu ? et pourquoi la terre est ronde ? »

aha. Foutage de gueule. Gael ébouriffa les cheveux de la McCoy, se relevant instantanément, esquivant un quelconque réflexe d’Evie. Voyant qu’elle s’était redressée, il fit quelques pas avant de se retourner vers elle. Les bras écartés, la clope au bec, un sourire aux lèvres.

« the World is yours. »

et il se laissa tomber en arrière.

« Pour changer. »
« C'est ça. »

Question d'habitude.

« Pourquoi le ciel est bleu ? Et pourquoi la Terre est ronde ? »
« Laisse tomber. »

Evie était du genre grognon dans ces moments de déprime passagère. Rien n'allait, alors elle n'arrivait plus à lâcher un moindre rire aux vannes de Gael. En ce moment là tout de suite ? Elle voulait juste s'engouffrer un giga-verre de limonade et de Coca mélangés, pouvoir s'allonger, chanter et jouer de la gratte, hurler quand elle le voulait, parler aussi. Elle souffla, l'air blasé. C'était vrai qu'elle mettait un sacré bout de temps à commencer la vraie discussion, en ce moment. Elle avait peine à comprendre bien des choses. Elle baissa les yeux. Quand Gael lui frotta le crâne, elle se redressa, et tenta de l'attraper par le bras, mais il se défit et se posta face à elle, l'air narquois. Toujours le même, lui. Il ne changerait jamais. Et elle...

« The World is yours. »
« P'tit con. »

Elle avait balancé ca comme elle aurait pu dire "Tu sais que j't'adore ?", sourire en coin, première fois depuis que Gael était arrivé, voire avant. Question de ne pas prendre tout au premier degré. Ca leur arrivait souvent, se jeter des piques. On appelle ca l'amour vache. Enfin, vous avez compris. Façon de parler. Evie n'avait aucune idée de ce qu'ils étaient tous les deux de toutes façons. Alors elle n'y pensait pas et laissait dire. Gael s'était jeté dans l'herbe, dos à terre, les bras en croix. Elle, assise, se hissa à côté de lui, à quatre pattes, et s'effondra, sur le ventre, le nez vers son ami, qui lui faisait semblant de dormir. Evie eut un rire narquois. Il était comme ça, lui. Comme si rien ne l'atteignait. Et elle était un véritable poids, parfois, avec ses sautes d'humeur.

« Ca me les brise c'te guerre à la con. Et tous ces connards qui pètent plus haut que leur cul, ils me les brisent aussi. Aide-moi. »

Ouais. Aide-moi.

« laisse tomber. »
« oh allez… »

Ouais, ok, c’était chiant cette sensation d’avoir tant de questions aux réponses inconnues, de ne rien savoir sur l’avenir qui les attendait, sur comment se terminerait cette putain d’guerre, si leur famille était en sécurité, alors qu’eux se la coulaient douce à Poudlard, et caetera. Mais bon. Comme si bien dit, question d’habitude. De toute façon, ils étaient foutus pour un certain moment, donc autant ne pas trop se prendre la tête. Surtout, dès le réveil. La vie valait la peine d’être vécue, pour un tas de simples petits plaisirs. Ecouter Evie jouer de la gratte, s’endormir avec la pluie qui tape aux fenêtres… Ou, en un peu moins poétique, se sentir vraiment vraiment bien après quelques shots de whiskey, s’avaler un snickers à l’inter cours… Bref. Tout un tas de trucs qui paraissaient inutiles, mais qui au final nous étaient indispensables. Embêter Evie, faisait partie de ces ‘trucs’.

« p’tit con. »
« aha ! bien tenté. »

et paf (ça fait des chocapics), par terre. Si bien qu’il ne put le voir ce fameux sourire de McCoy. T’façon p’tit con, p’tit con, c’était très révélateur. Elle avait succombé. Héhé. Tous finissaient par succomber. Alors, toujours les bras en croix, étalé sur l’herbe fraîche, inspirant et expirant à intervalle réguliers des bouffées de cigarettes, Gael avait à son tour fermé les yeux, en attendant qu’Evie contre attaque. Mais pas de contre attaque. Simplement la sensation de l’avoir là, proche de lui. Affronter son destin ? Ouais, allez. Il entrouvrit un œil pour apercevoir le minois de la McCoy, pas loin du sien. Elle souriait, mais en même temps semblait complètement perdue dans ses pensées. Nan, ces fameuses questions ne l’avaient pas lâchée.

« ca me les brise c'te guerre à la con. Et tous ces connards qui pètent plus haut que leur cul, ils me les brisent aussi. Aide-moi. »

Pause. Ouais. Assez chiant comme situation. Gael enfonça sa main dans la poche de son sweat pour en sortir…

« cigarette ? »

Peut-être pas l’moment de faire de l’humour facile, là. Oh, et puis merde. En route pour affronter la journée. Jetant le paquet de Merit par terre, il se redressa, tournant son visage vers Evie.

« ignore-les, ces connards. On n’a pas b’soin d’eux, nous. »

Facile à dire. Sourire.

« viens, on s’casse de ce pays pourri. On part aux States, en Australie, au Brésil, en Italie ! On va faire le tour du monde ! »

you may say i’m a dreamer. but I’m not the only one.

« Cigarette ? »
« Tu devrais te mettre à la pipe, c'est très classe et très old school. »

Evie accepta cependant la proposition de Gael. De temps en temps, ca lui prenait, même si elle ne voyait toujours pas l'intérêt de certains moldus vis à vis de ces trucs - par dessus tout qui sont dégueulasses. Elle la fit allumer, direct coincée dans sa bouche, par Gael en face d'elle, et prit un air blasé en expirant la fumée vers le ciel, telle une lassée de la vie qui a déjà vécu une bonne quarantaine. La tête appuyée sur sa main droite, elle se retourna vers Gael qui lui était parfaitement détendu. Qui aurait pu soupconner que ces deux-là faisaient partie d'un gang de rebelles fans de bagarre, et qu'en plus la jeune fille frêle emmitouflée dans une vieille doudoune de mec en était la leader ? Seize ans. L'âge où tout commence, et pourtant Evie McCoy semblait avoir déjà tout vu. En ayant zappé quelques étapes importantes, comme... le mariage ou la maternité. Lassée. Enfin, pas pour très longtemps. Tout le monde savait - et Gael en particulier - que McCoy finirait par aller provoquer quelques Basilisk pour passer ses nerfs.

« Ignore-les, ces connards. On n’a pas b’soin d’eux, nous. »
« J'en ai besoin d'un au moins pour me faire les poings dessus. Et merde. Ouais, c'est vrai. Mais il se passe tellement de trucs bizarres dehors, ca me fait flipper. »

Faire flipper Evie McCoy ? Impensable. Mais tout ce qu'il y avait au dehors, la guerre, les batailles, les luttes de toute une communauté, à un instant songer qu'un peuple se divise pour des idées différentes... ouais, c'était flippant. Depuis le parc, on ne pouvait pas voir ce qu'il y avait au-dehors. Il avait été couvert par des sortilèges de dissimulation blindés pour protéger les enfants, quelles que soient leurs idées. C'était à se demander si c'était une bonne initiative. Finalement, leur guerre, il se la faisaient eux-mêmes. Et Evie se retrouvait là.

« Viens, on s’casse de ce pays pourri. On part aux States, en Australie, au Brésil, en Italie ! On va faire le tour du monde ! »
« J'aimerai bien ouais. Me barrer, partir faire ma vie ailleurs, vieillir, tiens et même, attends j'ai même pensé à me marier et avoir des gosses, Gael ! T'imagines, le bade total. Avoir un guignol dans le placard et tous ces trucs pour ensuite vivre dans une banlieue américaine, aller aux matches de foot tous les samedis et faire le barbecue avec les voisins. Sans cette putain de magie. Mais j'ai trop peur de ce qu'il y a dehors. »

A vrai dire, elle ignorait même ce qu'étaient devenus son père et sa demi-soeur. Finalement, elle s'en foutait un peu. Emily avait été si peu présente, même lors de la mort de leur mère, ce qui aurait dû les rapprocher. Une vraie étrangère. Et le paternel... laissons tomber. Evie eut un rire amusé, quoiqu'un peu nerveux.

« Trop la loose, le mariage. Tu me vois habillée comme une grosse meringue avec des fleurs dans les cheveux ? Elle aurait l'air de quoi, la McCoy, fringuée comme une pauvre quiche ? Bonjour ma crédibilité, quoi. »

« tu devrais te mettre à la pipe, c'est très classe et très old school. »
« j’y songerai. tu m’en offres une à mon b'day ? »

j’ai envie de dire, sourire colgate. C’est pas que le jour le plus important de l’année approchait à grands pas, mais l’envie primordiale de faire une grande fête le prenait. Oh yeah. Une grande soirée dans les locaux centauriens, avec quelques incrustes, évidemment. Que du bon, que du bon. Idée à exposer à la grande chef McCoy. Après tout, fallait s’y attendre. Arriverait bien le jour ou l’envie de mettre sans dessus dessous le château viendrait s’incruster dans son esprit. Et puis quoi, il suffisait de pas grand-chose. Fallait partir du plus évident : Une gratte, des clopes, de la bière et de bons potes. La rumeur se lançait et paf on se retrouvait avec quinze grattes, quarante ados en chaleur et des trucs assez forts. Le pire, c’était les Basilisk qui se ramenaient. Là, c’en devenait juste le meilleur cadeau d’anniversaire. La team McCoy-Caulfield vs Cromwell-N’importe Qui. Ca clashait, ça faisait des étincelles, c’était hilarant.
Une autre taffe. Au mot « flipper », il avait déjà enfoncé sa tête dans l’herbe verte, les bras écartés, la cigarette surgissant de la végétation. Evie se posait trop de questions. Y’avait des fois, des moments comme ça, où fallait juste attendre que les choses se fassent. C’était inévitable. Ces trucs pouvaient les dépasser, eux étaient ici impuissants, simplement capables de se taper les uns sur les autres, mais bordel, dehors ils auraient servi à rien. Des adolescents comme eux n’avaient aucune crédibilité et aucun poids face à la situation actuelle. Manifester leur mécontentement ne servirait à rien, et ça le désespérait lui-même de penser à ça, de se sentir inutile, mais au final, ça paraissait inévitable comme vérité.

« trop la loose, le mariage. Tu me vois habillée comme une grosse meringue avec des fleurs dans les cheveux ? Elle aurait l'air de quoi, la McCoy, fringuée comme une pauvre quiche ? Bonjour ma crédibilité, quoi. »
« ouais. »

à noter que l’herbe lui bouffait encore le visage. tant pis.

« en fait j’en sais rien. Clair, ça fait bader de pas réussir à s’imaginer dans quelques années. On pourrait être des héros de la révolution comme être rien du tout, morts enterrés dans le néant de c’te putain de guerre. Mais un truc est certain, c’est qu’on sera toujours nous-même. On s’ra toujours evie & gael. Peu importe l’endroit et le moment, on s’ra toujours les deux prêts à s’battre pour défendre leurs convictions. Ça fait p’t’être cul-cul rangnangnan de penser comme ça, mais moi c’est tout ce que j’veux. Bien sûr j’aimerais être heureux avec un boulot posé que j’prendrai du plaisir à faire, une copine, j’en sais rien. Mais ça sert à rien de se dire ça si on se laisse consumer par la société. Autant vivre le présent et s’affirmer, on aura tout l’temps pour affronter notre avenir. »

amen gael, amen. Et pour calmer la tension, il commença à arracher de l’herbe et la lancer, comme des confettis, en l’air, tout en s’esclaffant l’air d’une marche nuptiale.

« jusqu'à c'que la mort ne nous sépare. »

« En fait j’en sais rien. Clair, ça fait bader de pas réussir à s’imaginer dans quelques années. On pourrait être des héros de la révolution comme être rien du tout, morts enterrés dans le néant de c’te putain de guerre. Mais un truc est certain, c’est qu’on sera toujours nous-même. On s’ra toujours evie & gael. Peu importe l’endroit et le moment, on s’ra toujours les deux prêts à s’battre pour défendre leurs convictions. Ça fait p’t’être cul-cul rangnangnan de penser comme ça, mais moi c’est tout ce que j’veux. Bien sûr j’aimerais être heureux avec un boulot posé que j’prendrai du plaisir à faire, une copine, j’en sais rien. Mais ça sert à rien de se dire ça si on se laisse consumer par la société. Autant vivre le présent et s’affirmer, on aura tout l’temps pour affronter notre avenir. »
« You're insane, Caulfield. Good to the asylum. I kinda like it. »

Evie soupira. Elle eut un sourire. Elle continuerait de botter le cul à ces Basilisk coûte que coûte, et le jour où elle aurait Cromwell, elle pourrait alors faire la meilleure fête que le château ait jamais connue. Exclusivement réservée aux Centaurs et aux Unicorn. Au pire quelques Kneazle. Pas de Veela ni de Basilisk, et encore moins d'adultes. Il y avait ce type imbuvable, Asselta, qui rôdait à Poudlard ces temps-ci. Evie n'avait jamais eu l'occasion de lui balancer ses quatre vérités, comme elle le faisait si bien aux gens qu'elle détestait. Qu'est-ce qu'il foutait là, dans le refuge des gosses ? Pourquoi n'allait-il pas se battre dehors, comme tous les autres ? Il collait aux basques d'une nana aveugle, une certaine Scanlon, sur qui Evie n'avait pas eu d'occasion de se faire une idée du personnage. A vrai dire, à partir du moment où cette fille n'y voyait rien, elle n'allait pas la pourrir. C'était déjà assez chiant comme ca, même pour une Veela. Elles n'allaient jamais devenir les meilleures amies du monde, mais Evie avait décidé de la laisser tranquille. De toutes façons, avec ce Asselta collé à ses basques, vu comment il était taillé, elle n'allait pas être assez conne pour lui chercher des noises.

« Jusqu'à c'que la mort ne nous sépare. »

Evie reçut les morceaux d'herbe dans la figure, et souffla bruyamment pour en extraire un de sa bouche. Peuh. Complètement frappé, Gael. C'était bien pour ca que c'était son pote.

« I told you so : you're mental. I was thinkin', I'd be glad to fight against these adults, like Shepherd, Hanson ou that enormous guy, Mr. Muscle-Asselta. They're drivin me crazy, to spend days walkabout in the castle without doin anything. D'you know him ? Or his little mate, Scanlon ? »

Evie prit la cigarette de Gael directement depuis sa bouche et tira dessus, puis la lui rendit en la remettant à sa place, sans qu'il n'aie bougé d'un pouce.

« Feel like fightin, these days. Cromwell, adults, well, I'm feelin well. »

what the fuck ?
nooooon, tout allait bien dans sa tête. C’est juste que… S’imaginer là, dehors, assumant ses responsabilités, cherchant un boulot, commençant une carrière… Ca le tuait. Ce n’était pas lui. Pas Gael Caulfield. Lui, il était le type de mec à vivre au jour le jour. Sa seule préoccupation future était de savoir s’il devait transplaner à Londres pour aller s’acheter des clopes, ou si son paquet tiendrait encore quelques heures. Poudlard, de toute façon, c’était fini. Plus de cours, plus de devoirs auxquels penser. Juste une bataille inconditionnelle et sans limites. Des cons & moins cons à croiser et recroiser. Cette situation durerait-elle encore longtemps ? Au final c’en devenait trop monotone.

« bonjour Monsieur le Soleil, bonjour Madame la brume matinale. comment allez-vous ? qu’est-ce que vous nous préparez pour cette nouvelle journée ? c’que vous nous préparez… rien. parce que putain, il se passe rien de nouveau ici. qu’il fasse beau ou moche ça revient au même, les gens seront toujours pareil, ancrés dans leurs clans et positions. personne n’évolue. on stagne tous, evie. même toi & moi. on n’a pas changé depuis le début de cette ‘guerre’. toujours McCoy & Caulfield, fourrés ensemble, prêts à défendre leurs idées et nia nia nia. prêts à casser la gueule des autres. ca me gave. Fuck it. »

Des paroles pour en confirmer d’autres.

« feel like fightin, these days. cromwell, adults, well, I'm feelin well. »

Trop de questions, pas de réponses. Il ne connaissait pas Scanlon, rien à foutre d’Asselta. Ce n’était qu’un adulte parmi d’autres. Un déserteur. S’il se réfugiait à Poudlard pour éviter la guerre, tant pis pour lui. Il se lasserait bien vite de surveiller des ados en pleine crise d’adolescence comme eux. Gael eut un haussement d’épaules, juste pour montrer son indifférence envers ces deux individus. Qu’on les laisse vivre leur vie, et pis c’est tout.

« bordel evie, ça me gaaaave de m’sentir comme ça. c’est comme si j’étais passé dans une bulle. ‘taleur c’est moi qui disais de la merde pour te stopper dans tes ardeurs philosophiques, et j’me retrouve dans l’même état que toi. ca me déprime. comme si, comme si j’sais pas, on était conditionnés à changer d’humeur indéfiniment, en attendant que ça passe. t’en as pas marre d’attendre ? »

Balançant la cigarette au loin, il sauta sur ses pieds, et tendit une main à Evie.

« viens on bouge ! on va faire quelque chose, changer le monde, se prendre une bière, je sais pas ! mccoy et caulfield ne stagnent pas. c’est écrit quelque part, j’en suis sûr. »

Ecrit sur ton calcif’, ouais.
Sourire.

Blabla