Histoire d'un soir... [William]

Deux mois. Deux mois que William lui avait avoué ses sentiments. Juste à y penser, un sourire venait se dessiner sur les lèvres d’Ivy. Cette soirée, au parc, avait été la plus parfaite de toute sa vie. Elle ne l’oublierait jamais. Certes, peu de gens étaient au courant de leur relation naissante. En fait, elle-même n’en avait parlé qu’à deux personnes : Angélique et Erin. De toute façon, elle ne pouvait rien cacher à celles qu’elle considérait comme ses deux sœurs de cœur. Elle était certaine que sa meilleure amie et sa cousine n’en diraient rien à personne, alors elle pouvait continuer de vivre son amour clandestin sans le moindre souci.

Certes, il restait toujours certaines craintes dans l’esprit de la belle Ivy. Elle avait bien entendu peur que sa mère l’apprenne. Cette dernière lui avait clairement fait comprendre, plusieurs mois auparavant, que si elle refusait le mariage de raison que sa mère lui avait concocté, elle n’aurait plus de famille. Elle ne s’entendait pas très bien avec sa mère et son frère, mais elle ne voulait pas non plus perdre tous contacts avec eux. Après tout, c’était tout de même celle qui l’avait mise au monde! À Poudlard, elle devait se cacher des regards indiscrets. À cause de Sacha. Son « fiancé » serait probablement furieux en la voyant au bras d’un autre, surtout que Cole n’exprimait pas le même mécontentement à l’idée du mariage. Si ce dernier venait à savoir la relation qu’Ivy avait avec William, il n’en manquerait pas d’en informer la mère d’Ivy et celle-ci serait dans le pétrin.

Et puis, il y avait les clans… Certes, les kneazle n’étaient pas si éloignés des unicorn, mais tous les clans entretenaient une certaine relation de rivalité, et elle savait que les regards auraient été agressifs si tous l’avaient su.

Mis à part tous ces soucis, Ivy était heureuse comme jamais. Elle avait des sentiments pour William depuis la première fois où elle l’avait vu… Mais n’avait jamais cru que cela pourrait être réciproque. Certes, il y avait parfois eut des moments d’ambiguïté, mais avec le bal et la longue absence de William, elle avait cru perdre toutes ses chances. Quelle n’avait donc pas été sa surprise en recevant son hibou, deux mois auparavant, puis en recevant sa déclaration…

Aujourd’hui, Angélique était venue voir Ivy en lui racontant les nouvelles. Les chefs de clan avaient décidé de laisser tomber cette rivalité qui planait sur Poudlard, entre les cinq clans. Angie lui avait raconté cela sans arrière pensée, juste parce que les deux amies se confiaient tout… Mais Ivy, elle, avait aussitôt pensé à William. Cette trêve leur permettrait enfin de vivre leur amour, non? Certes, la menace de Sacha et de la perte de sa famille seraient toujours là, et alors? Dans le pire des cas, sa mère refuserait de lui parler à nouveau. Mais elle ne serait pas seule. Elle avait Angélique et Erin, qui ne la laisseraient jamais seule. Et, surtout, elle avait William…

Après avoir bavardé plusieurs minutes avec sa meilleure amie, Ivy avait prit congé d’Angélique et était aussitôt montée à la volière. Elle avait appelé une chouette de l’école, et lui attacha un mot à l’intention de William. Pensive, elle regarda la chouette s’envoler, et eut un sourire.

« Retrouve-moi dans la salle de classe vide, au premier étage.
Vers vingt-et-une heures.
Ivy. »

Durant l’heure du repas, elle ne cessait de songer à William. Elle avait déjà hâte de retrouver ses bras. Cette salle désaffectée était devenue leur point de rencontre principal, lorsque la température ne leur permettait pas d’aller à l’extérieur. Prise d’une soudaine inspiration, Ivy sortir du repère des unicorn et se rendit dans les cuisines de Poudlard. Même si les professeurs et directeur avaient déserté l’école, les elfes, fidèles au poste, étaient tous restés. De toute façon, comme ils n’avaient pas reçu de vêtements, ils n’auraient pas pu quitter l’école. Peu importe. Arrivée dans les cuisines, Ivy prit quelques trucs, se servant elle-même. Elle était habituée : chaque fois que les unicorns organisaient une fête, elle était chargée de venir chercher des victuailles.

Les mains chargées, elle remonta un étage et alla immédiatement au lieu de rendez-vous. Elle n’avait pas prit grand chose dans les cuisines, juste deux bouteilles de vin rouge et une boîte de chocolats raffinés. Elle alluma également quelques bougies, un peu partout dans la salle, afin de ne pas rester dans la noirceur totale. Elle mit ses provisions sur un bureau et s’assit elle-même sur ce dernier, jambes croisées, attendant son prince charmant. Évidemment, elle avait tenté de se faire belle. Elle avait troqué son habituel jeans pour une jupe, et portait un simple débardeur assortit. Ses cheveux ondulaient naturellement dans son dos, dans une longue cascade dorée. Elle avait hésité à mettre du maquillage, mais savait qu’elle n’avait pas besoin de ces artifices pour être jolie, alors elle avait laissé tomber.

Dans la quasi-pénombre, elle attendait.