Silence. Aucun bruit ne parvenait à mes oreilles, ne transférait jusqu’à mon cerveau. C’était mon plus grand compagnon depuis quelque temps, Silence. J’en avais été reconnaissant, mais maintenant j’avais bien envie de m’en débarrasser. Il m’accordait trop de temps, ne demandait pas assez de mes nouvelles. Il me laissait réfléchir sans jamais apporter de nouveaux sujets à la discussion. Je me répétais donc sans cesse les mêmes tirades. Il y avait bien mieux comme ami, je peux vous l’accorder. Ma sœur Evelynn venait d’emménager dans mon appartement pour l’été jusqu’à ce qu’elle entre à Poudlard pour sa dernière année. Elle ne parlait pas. J’imagine qu’elle ne voulait pas s’imposer. Pourtant, j’étais plus qu’heureux qu’elle soit à mes côtés. Je savais ce qu’elle pouvait supporter chez notre mère.

« Hum. » Elle était là, toute petite et frêle qui requérait mon attention. Ma précieuse petite sœur. « Approche. » dis-je et j’avançai vers elle sans qu’elle eût à faire un seul pas. Je la pris dans mes bras, la serrant comme si je n’allais jamais la revoir. En la relâchant, je remarquai une ecchymose immense sur son bras. Je fronçai les sourcils alors que la seule pensée de ma mère frappant ma sœur m’envahit. Mon visage se referma et je reculai, le moment de tendresse avait pris fin. « … Qu’est-ce que tu voulais? » Elle me regarde d’un air étonné, mais bientôt un sourire prit l’emprise de son visage. « Où sont les ustensiles? » Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire à mon tour. « Viens, je vais te montrer. » Je fis un pas vers la cuisine alors qu’elle se faufila près de moi, passant son bras autour de ma taille. Je mis mon bras autour de ses épaules et lui donnai un baiser sur le front. Avec chance j’allais oublier Silence.

« Evander! » J’ouvrais les yeux lentement. « EVANDER! » Point négatif au fait d’habiter avec sa petite sœur : les réveils brutaux. La première chose que je vis alors que je m’assis était Evelynn, près de mon lit, ses yeux bleus grands ouverts. Évidemment, elle ne me ressemblait pas du tout. Personne n’aurait pu dire que nous étions seulement apparentés. Elle avait les cheveux brun clair, les yeux d’un bleu exceptionnel et la peau très pâle. Imaginez-vous complètement l’opposé et ça, c’était moi. « Qu’est-ce qu’il y a? » Je passai une main dans mes cheveux. J’avais définitivement besoin d’une douche. « J’ai trouvé ce chandail dans ma chambre et je voulais savoir si je pouvais l’emprunter. En fait, je pars au chalet de maman avec Mathilda dans quelques heures. Tu te rappelles? J’y passe une semaine. Je reviendrai à temps pour qu’on aille acheter mes nouveaux livres. » Comme toujours, trop d’informations à la fois. Je n’avais même pas pu décoder sa demande initiale. « Ok, oui. » Alors qu’elle repartit, je remarquai le chandail duquel elle parlait. Un pull rose pâle.

Ce pull appartenait à Eden. Personne à laquelle j’essayais de penser le moins souvent possible. Mon ex-copine qui était partie quelques mois auparavant sans jamais me l’annoncer. Je n’avais tout de fois pas besoin d’explications. Les faits parlaient d’eux-mêmes. Nous nous fréquentions depuis que j’étais en sixième année à Poudlard. Elle était de Gryffondor et moi de Serpentard. On dit que les contraires s’attirent, n'est-ce pas ? Enfin, étant d’un an plus jeune je ne l’a vis presque pas pendant un an alors qu’elle terminait sa septième année. Lorsqu’elle fut enfin diplômée, elle vint habiter avec moi dans cet appartement. C’était la plus belle et la plus brillante, je dois vous l’accorder, tout le monde l’adorait. Il se révéla pourtant qu’elle n’était pas tout à fait comme je l’a connaissais. Il m’était maintenant facile de m’emporter contre elle. En venir à des actes de violence auquel je ne m’étais jamais laissé aller. Lorsqu’elle partit, un poids tomba. Je n’avais plus à voir ce regard apeuré, le même que mon père avait lorsqu’il voyait ma mère. Par contre, une partie de moi se détruisit au même instant. Toute ma notion concernant ma propre personne se révélait fausse. J’étais devenu tout comme la personne que je détestais le plus au monde : ma mère. Je me recouchai. La douche allait attendre.

La senteur des pancakes m’envahit. Lorsque ma sœur m’avait rejoint, son talent culinaire l’avait suivie. Je m’assis dans l’une des vieilles chaises de bois dépareillées et elle me servit à l’instant. Je lui envoyai un baiser soufflé alors qu’elle s’assit en face de moi. « C’était bien la semaine au chalet? » demandai-je. Elle prit un moment avant de répondre, ayant entamé son repas. « Oui, comme d’habitude. » Comme d’habitude … Je l’a laissait allé tous les étés au chalet avec notre mère et Mathilda, sa meilleure amie, dans l’Ouest Canadien. Je savais qu’elle serait bien en sécurité puisque la génitrice ne l’approchait pas lorsqu’il y avait des personnes hors de la famille. Elle ne les embêtait pas trop. « Tu sais ce que Mathilda va faire cette année, maintenant que vous avez fini vos études à Poudlard? » Ça faisait maintenant 5 ans que moi-même j’avais fini mes études. J’avais passé les deux premières années à m’occuper tant bien que mal et j’avais ensuite décidé d’aller travailler dans un café moldu. Un endroit bien calme où je pourrais discuter avec de nouvelles personnes. Je savais bien par contre que je ne ferais pas ça toute ma vie. « Elle m’a parlé de cette nouvelle université. Chudler que ça s’appelle, je crois. Elle va apprendre à être auror. Je ne comprends pas pourquoi maintenant il faut une formation alors qu’avant elle était inexistante. Enfin, elle a vraiment hâte. » Je reposai ma fourchette. « Une université? » Elle me regarda comme si j’étais déjanté. « Oui … c’est bien ce que j’ai dit. » Peut-être que je n’allais pas retourner au café après tout.